Un slow d'anthologie

- Par l'auteur HDS Jpj -
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Auteur homme.
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Récit libertin : Un slow d'anthologie Histoire érotique Publiée sur HDS le 19-11-2015 dans la catégorie Plus on est
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Un slow d'anthologie
Jpj, Palavas-les-Flots, été 1976
Honnêtement, je crois qu’elle n’en n’a jamais rien su. Nous, on a tous gardé, chacun sa cassette et on se régale à la passer dans des occasions sexy. Avec les copains.
Maintenant qu'on est vieux...

Cette fille était une bonne copine.
Une bonne copine, en ce temps-là, époque bénie d'après la pilule et d'avant le Sida, c’était une fille sans chichi qui restait volontiers avec les garçons. Avec nous, quoi. Nous les mecs. Nous ses copains. Bien aimés.

Mais elle surtout, c’était une chanteuse. Une fille qui exprimait, haut et fort, ses bonheurs. Non seulement le gars avec elle se régalait du plaisir qu’elle prenait, mais encore tous les copains participaient aux ébats depuis le salon ou la chambre d’à côté. En toute simplicité. En toute amitié.

Un jour, l’un d’entre-nous, je ne sais plus lequel, fan de musique et qui passait ses nuits à repiquer sur la bande FM les disques américains, a monté un coup.
Dans la chambre, un micro d’ambiance sur une perche et un directionnel suspendu au dessus du pieu.
Dans la pièce à côté, préampli, table, equalizer et Revox 8 pistes.

Il a fallu faire plusieurs prises. De nombreuses prises.
Je vous avoue que l’ambiance était bonne et que nous étions tous motivés pour, week-end après week-end, soirée après soirée, participer aux prises de son de la chanteuse. Travail de studio, on s’y croyait et chacun avait à coeur d’apporter le meilleur.
La cantatrice était enthousiaste, ne comprenant pas vraiment ce qui suscitait tant d’ardeur, tant d’attention amoureuse de la part de ses chers copains. En tous cas elle ne ratait aucune fête dans cette villa de Palavas au bord de l’eau, juillet 76. Ce fut je crois l'été de sa vie...

Une nuit encore elle m’avait dit, allons plutôt baiser sur la plage, ici il fait chaud, surtout que vous gardez toujours fenêtres et volets clos.
Invariablement on répondait, c’est plus discret ici, comme ça tu peux t’éclater à fond. Et effectivement elle s’éclatait comme une Diva d’opéra, la Castafiore du panard. On lui disait, sur la plage, tu pourrais pas te retenir et on aurait du mal à chasser les importuns.

Un jour le copain ingénieur du son nous a réunis chez lui, dans son studio. Une pièce ordinaire de son appart assez grande, tapissée de grands carrés à oeufs. Ces grands carrés sont des cartons gaufrés dans lesquels les volaillers rangent les oeufs. Il nous a expliqué que ces multiples pointus cassaient les effets de réverbération et d’écho et que la matière de carton mou absorbait les sons incidents.

Effectivement, on pouvait parler dans cette pièce sans être perturbé par les réflexions de son contre les murs.
Il a mis en route deux énormes diffuseurs Martin-Logan et un ampli préampli Audio-Research. Les cables qui reliaient les différents appareils étaient gros comme des tuyaux d’arrosage.

Il a dit, voilà, j’ai mixé tout le matos recueilli, deux cents mètres de bande magnétique. Bande, bande, sacrées bandes de bandaison permanente. J'ai coupé, j’ai choisi le meilleur. On ne sait plus qui la baise mais ce dont on est sûr c’est qu’elle y prend son pied, et en stéréo HD, la Mylène !
Seul problème, il y en a pour 14 min 37 sec. Ce sera dur de trouver un slow de ce format. Ecoutez.

C’était fabuleux car, on ne s’en était pas rendu compte soi-même dans l’action mais elle ne faisait pas que hurler en chantant. Elle faisait aussi des commentaires en voix off, comme murmures. Le microphone directif avait su capter ces mots-là. Et le spécialiste les restituait en son clair sur fond de déchaînement d’activité sexuelle gymnique.

Comme dans un film, il avait rétabli une chronologie, un scénario.

Des préliminaires profonds avaient arraché à la fille un premier orgasme. Les trompettes de Jericho par Maurice André.
Petit instrument, petit bonhomme mais sacré souffle...

Une première amusette missionnaire, vite fait bien fait dans laquelle elle murmurait prends moi donc les fesses à deux mains et tire, tire bien, soulève-moi ; avant de partir en rire irrépressible, Thérèse… et cavalcade de bonheur galopant Bartabas.

Sans le moindre temps mort, évidemment les pauses avaient été coupées gommées, les morceaux de bravoure s’enchaînaient…
Elle commentait, maintenant tu me prends comme chienne et on comprenait qu’elle avait la tête dans l’oreiller, sa voix était plus sourde, comme étouffée. On comprenait aussi qu’elle prenait son comptant. Non seulement on entendait comme si on y était les va-et-vient réguliers avec en écho, du fond de l’oreiller, à chaque va, un acquiescement jouissif, à chaque vient une sorte de regret inquiet.

Les couilles tapaient contre ses fesses et chaque coup faisait vibrer les basses.
On entendait même le clapotis du gland, comme un piston de pompe, qui remontait des profondeurs une bolée de liquide.

Et tout cela était couvert par la mélopée puissante que chantait l'archet sur la corde de mi, ni bourdon ni sol, sur la corde de mi. Diable qu'elle était forte cette chanterelle. Qui partait haut en multiples harmoniques.

Dans harmonique n'entend-on pas clairement le mot nique ?

On était là tous devant les Martin Logan, grilles noires de mylar tendu électrostatique, géants, bois blond et son de baise plus vrai que vrai, on en bandait tous.
Et on y était dans nos souvenirs de cette fille, bonne, hurlante de ses plaisirs sous le poids des garçons sur son ventre ou sur ses fesses.
Sacrée bonne copine. Dans copine n'entend-on pas ... bon j'arrête, c'est con.

Reste qu'après la levrette qui lui avait arraché des trilles et autres changements d'armure, elle s'apaisait, allongée sur les draps, le poids de l'homme sur son dos et que sans rien en voir, on entendait tout cela.
Tous, chacun, on cherchait dans nos souvenirs quelle avait été l'étape suivante. On pensait enculage.
Normal, non ?

D'ailleurs, en toute honnêteté, on savait que c'était, du moins dans nos souvenirs à tous, ce qui avait procuré à la donzelle les meilleurs arguments de ses incantations.
Et bien non.
Le monteur avait choisi un autre tableau que celui que nous espérions tous.

Qui de nous l'avait vécu. On se regardait les uns les autres suspicieux.

La fille en off disait connais-tu Andromaque ? Toi qui aimes Brassens sache qu'elle était la femme d'Hector.
Mais méfie-toi d'un faux mouvement. L'os pénien est fragile, surtout dans la tête des mecs.
C'est elle qui, prenant modèle sur les vertus des chiens fidèles, reste plantée sur l'os illiaque, gardant son regard aimant dans les yeux de son amant.

En vrai on la voyait, à l'entendre chevaucher, et l'on comprenait son enthousiasme. Normal, la séquence, chacun de nous l'avait vécue.

On avait d'abord suivi son pas. Le trot ensuite. Sa tête haute, rejetée en arrière cheveux volant en tous sens bouche ouverte comme pour chercher souffle et ses yeux surtout ses yeux immenses bleus pales perdus immensité de mer démontée de houle.
Tous devant les Martin Logan qui racontaient l'histoire, tous on voyait la fille qui s'éclatait, magnifique, somptueuse, dans notre mémoire.

On aurait voulu vivre à nouveau l'épisode, chacun. On l'avait vécu, un soir, une nuit, un après-midi, chacun son heure. On était ensemble devant les panneaux électrostatiques qui râlaient le plaisir de la fille et on se remémorait, tous, la silhouette haute fluette d'icelle dansant sa sarabande à genoux cou tendu en arrière, yeux aux cieux du plafond. Belle de ses jouissances que l'on avait modestement le sentiment de partager. Mylène...

Ses chants, ses rales, les vibrations sourdes qui sortaient de sa poitrine frèle, tout concordait au souvenir fort qu'elle avait laissé dans nos mémoires. Les images n'étaient rien, seuls les sons existaient en nous et nous tous ensemble ici étions en communion devant les haut parleurs plans à peine galbés. On était copains de sang et on le ressentait fort.

On le savait, l'étape suivante, après l'apaisement long et tranquille, blottie dans nos bras aimants de garçons comblés, serait, allait être plus violente plus bruyante plus versatile.

On le savait qu'elle allait y revenir, à la tête enfouie dans les duvets de l'oreiller, à sa croupe haute cambrée tendue en attente d'on ne sait quoi.
Mais qu'elle savait et attendait.
On entendait rien, le silence était absolu mais tous on savait et l'on entendait parfaitement qu'elle aussi savait et poussait pour ouvrir son fion à la caresse à la visite. L'air vibrait de l'attente et de l'envie comme champ de blé en canicule d'avant moisson.

Vous n'aurez rien de l'ensuite, le moment reste nôtre et nous n'en dirons rien. La fin du slow mérite minute de silence.

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