Variations amoureuses 2
Récit érotique écrit par PP06 [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur homme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 24-02-2022 dans la catégorie Entre-nous, hommes et femmes
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Variations amoureuses 2
Mon dernier récit « Variations amoureuses » a fait des émules. J’y pastichais la tirade des nez de Cyrano de Bergerac, en proposant de terminer une simple histoire d’adultère par un pardon, une séparation ou une vengeance terrible.
J’ai reçu plusieurs messages de lecteurs qui amusés par le jeu, ont imaginé de nouvelles situations toutes plus cocasses les unes que les autres.
Voici les versions de Lætitia et de Briard qui ont laissé parler leur imagination extravagante. J’ai bien sûr voulu écrire deux petites histoires de mon cru, et je me suis réservé le mot de la fin.
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Je vous conseille de lire le récit original avant de continuer, mais pour ceux trop pressés voici le résumé des épisodes précédents.
Vincent et Julie s’aiment d’un amour sincère. Mais voilà, Julie a un amant, Gérard. Vincent le découvre en ouvrant une boite Gmail inconnue de lui que Julie a ouvert pour la circonstance.
Avec l’aide, bien involontaire, de ses amis Patricia et Thomas, Vincent surprend sa femme avec son amant dans une petite auberge à la sortie de la ville.
Imaginez le scandale…
C’est ici que commencent les différentes versions de ce qui a pu se passer après.
Bonne lecture.
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QUIPROQUO
Sans un mot Vincent leur tourne le dos et fonce vers son véhicule bousculant quelques tables au passage. Julie se ressaisit. Elle lui court après et le rattrape au moment où il entre dans sa voiture. Elle frappe à la vitre de toutes ses forces :
- Vincent ? attends, il va falloir qu’on parle.
- Parler de quoi, lance Vincent d’un ton glacial. Tu me trompes avec ce… ce type. Je te prends sur le fait. Tu ne vas pas nier. Je suis cocu, c’est tout.
Julie éclate de rire :
- Tu crois vraiment que Gérard est mon amant ? Tu me déçois.
- Bien sûr. Prends-moi pour un con. Vas-y nie le en plus. Tu étais à table avec lui, en train de roucouler. Après le dessert, il allait te sauter dans une chambre qu’il a sûrement réservée pour ça.
- Ah Ah Ah ! … Tu es drôle Vincent. Par contre, évite d’être grossier, s’il te plaît. Tu m’as vue à table avec Gérard et tu en déduis que c’est mon amant. C’est ça ?
- Et ça te fait rire ! Tu ne peux pas dire le contraire. Je vous ai vu ! Tu entends ?
Vincent, passablement énervé, crie presque. Julie, les mains sur les hanches et manifestement peu impressionnée, continue :
- Et sinon, à table, tu as dû prendre le temps de bien nous observer. Réfléchis bien avant de me répondre, nous as-tu vu avoir des gestes équivoques ? Gérard et moi avons-nous eu une attitude d’amant et de maîtresse ? Réfléchis bien !
- Non, mais en public, vous deviez vous méfier.
- Ah mais non, tu oublies que cet établissement est un bordel, comme tu l’as si bien dit lors de l’altercation que tu as provoquée. On ne se serait pas gênés dans un bordel. Tu t’es d’ailleurs couvert de ridicule, soit dit en passant.
- Oh ne le prends pas comme ça hein. N’essaye pas de retourner la situation. Je sais ce que je sais.
- Et tu sais quoi au juste ?
- Ton adresse mail, on en parle ? Celle que tu as ouverte pour tes rendez-vous avec ton amant.
- Ça, je veux bien l’avouer. J’ai en effet créé cette boîte pour échanger avec Gérard pour gérer nos rencontres. Mais, ça s’arrête là. D’ailleurs, as-tu lu des mails équivoques ? Des mots d’amour ou des échanges coquins ? Non il me semble, parce qu’il n’y en a pas eu.
- Tu les as effacés et puis c’est tout. Tu baises avec ce salaud et…- Tiens le voilà qui arrive. Je vais te le présenter.
- S’il approche, je lui mets ma main dans la…- Chut, je ne te le conseille pas… Ah Gérard, je te présente Vincent, mon mari, nous avons beaucoup parlé de lui ensemble.
- En effet, dit Gérard, j’ai l’impression de très bien le connaître.
- Chéri, je te présente Gérard, un ami, Gérard Pélissier.
- Bonsoir ! Enchanté, Vincent, dit Gérard, l’air goguenard.
- Pélissier, reprend Julie, ça ne te parle pas mon chéri ? Mais si, cherche un peu. Pélissier ! Mais oui, je vois à ta tête que tu commences à comprendre. Oui, Gérard est le mari de Delphine Pélissier, ta maîtresse, Delphine.
- Exactement, vous êtes l'amant de ma femme, ajoute Gérard.
Vincent blêmit :
- Mais… mais…- Eh oui mon chéri, c’est Gérard qui a découvert votre liaison, qui dure quand même depuis presque un an, n’est-ce pas ? Le mardi de 5 à 7, à l’hôtel du Centre, chambre 21, à priori votre préférée. C’est bien ça mon chéri ?
- Je…- Tu ? Tu quoi au juste ?
- Mais non…- Mais si, mon petit Vincent. Gérard m’a prévenu. Comme il connaissait ton identité, ça n’a pas été compliqué pour lui de me retrouver. Il estimait que j'étais aussi en droit de savoir. Je suis concernée au premier plan, il faut bien le dire. Tu ne crois pas ? Je suis tombée des nues, j’étais effondrée même. Je t’assure que faire bonne figure et continuer à faire comme si de rien était avec toi a été plus que compliqué. Donc oui, Gérard et moi nous nous sommes vus à plusieurs reprises pour en discuter, rassembler des preuves, échanger des informations et préparer nos divorces respectifs. Oui, nous allons divorcer. Tu ne le savais pas encore, c’est fait.
- Mais non, on ne va pas tout arrêter pour ça.
- C’est ma femme que vous appelez « ça » ? ajoute Gérard. Ça va lui faire plaisir !
- Mais si, on va tout arrêter. Tu m’as trahie, hors de question que je continue. Tu as dû te rendre compte ces derniers jours de l’effet que fait ce genre de découverte, n’est-ce pas ? Ça n’est pas plus mal en fait !
- Non, mais…- Tu mesures bien le mal que tu m’as fait donc ? Tu mesures aussi le ridicule de la situation tout à l’heure, dans le restaurant ?
- Laisse-moi t’expliquer Chérie…- Non, rien à faire de tes explications, plus rien à faire plutôt. Ma décision est prise. Sinon « chérie » c’est terminé, il n’y a plus de chérie. J’avais l’intention de te quitter d’ici quelques semaines, le temps de prendre mes dispositions, trouver un logement, tout ça. On va avancer les choses. Je ne rentre pas avec toi. Gérard va me déposer chez ma sœur, je passerai chercher mes affaires ultérieurement, quand tu seras au travail. On y va Gérard ?
- Pas de problème pour moi Julie. Je te dépose. Au revoir Vincent, content de t’avoir rencontré. Bonne fin de soirée. Ah ! Peux-tu laisser un message à Delphine de ma part, s’il te plaît ? Tu seras gentil. Moi aussi je précipite les choses, je ne vais pas rentrer chez nous ce soir.
Un an plus tard, les deux divorces sont prononcés à deux mois d’intervalle.
Vincent est aujourd’hui seul. Delphine aussi. Leur tentative de rester ensemble après le départ de leurs conjoints respectifs a échoué. Un amant et une maîtresse, c’est parfait, tout est rose, on ne profite que des bons moments ensemble. Mais quand on commence à se frotter aux réalités de la vie de tous les jours, la vision des choses change parfois. Ce fut le cas pour Delphine et Vincent. L’herbe n’est pas forcément plus verte ailleurs.
Julie et Gérard sont restés amis. Ils se voient régulièrement, en tout bien, tout honneur.
Un jour peut-être.
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MYSTIFICATION
Sans un mot, Vincent leur tourne le dos et fonce vers son véhicule bousculant quelques tables au passage. Julie se ressaisit, elle lui court après, et le rattrape au moment où il entre dans sa voiture. Elle frappe à la vitre de toutes ses forces :
- Laisse-moi monter mon chéri, je rentre avec toi. Je vais tout t’expliquer.
Vincent entrouvrit la fenêtre et cria à Julie tout en faisait exprès de pousser sur l’accélérateur.
- Démerde-toi pour rentrer.
Il lança le véhicule et la laissa plantée là, sur le trottoir.
Elle le regarda partir, impuissante, incapable de faire le moindre geste, sentant ses forces l’abandonner. Les larmes coulaient abondamment sur ses joues.
Elle sentit une main se poser sur son épaule. Elle se tourna et se retrouva face à Gérard qui avait l’air navré.
- Écoute, ne te mets pas dans un état pareil. Tu devais bien te douter que notre histoire finirait par se savoir.
Elle essuya ses larmes d’un revers de main et le regarda avec de la colère dans les yeux.
- Mais tu n’as rien compris. Si j’ai accepté que l’on se voit ce soir, c’était pour rompre.
- Pour rompre ?
- Oui Gérard. C’est fini. Je n’en peux plus de cette situation. Cela fait des semaines que je mens à mon mari, que je m’invente des prétextes ridicules pour finir avec toi dans cette chambre sordide, et tout ça pour quoi ? Pour quelques instants de plaisir.
- Ah, tout de même, tu reconnais qu’entre nous il s’est passé quelque chose de fort.
- Décidément, tu n’as rien compris. Ce qu’il y a eu entre nous, c’est uniquement le goût de l’interdit, le goût de l’aventure, du risque, mais c’est tout.
- Tu ne peux pas dire ça Julie. Entre nous il y a eu des sentiments, en tout cas pour moi.
- Je regrette Gérard, mais je ne t’aime pas et ne t’ai jamais aimé. Tu t’es trouvé là au moment où j’avais envie de me sortir de mon quotidien. Mais sitôt entamée, cette aventure m’a fait comprendre à quel point j’aimais ma vie, à quel point j’aimais mon mari et, surtout, à quel point j’avais besoin de son amour.
- Dis, tu ne crois pas que c’est un peu tard pour t’en rendre compte ?
- Arrête tes sarcasmes, hein ? tu es mal placé pour donner des leçons. Tu es marié, je te rappelle, ta femme t’aime, et tu as des enfants.
- Tu as sans doute raison, mais moi, au moins, j’assume, j’ai pleinement conscience des risques que je prends.
- Tu veux dire que tu te moques que ta femme l’apprenne ?
- Je n’ai pas dit que je m’en moque, mais je sais qu’un jour ou l’autre, il me pend au nez ce qu’il vient de t’arriver.
Les larmes de Julie avaient cessé de couler. Elle tenait à mener cette conversation, comme cette histoire, à son terme.
- Après tout, ça te regarde et, je vais te le dire, je m’en fou. Je suis en train de perdre l’homme que j’aime, et tu es là à me faire la morale. Tu peux te la garder, je n’en ai rien à faire.
- Je ne veux pas te donner de leçon, je cherche seulement à te faire dire qu’entre nous, ce n’était pas si mal.
- Nous avons eu des moments très agréables, je ne le discute pas, mais pour ma part, il ne s’agissait que d’une parenthèse dans ma vie, et rien de plus.
- Si c’est tout ce que tu penses de notre relation, tu as raison de vouloir y mettre un terme.
- Ah ! tu en conviens aussi.
- Oui, absolument. Et j’ajouterai que tu peux aller te faire pendre ailleurs.
Sur ce, il tourna les talons et se dirigea vers sa voiture.
Julie partit dans le sens opposé retrouver la sienne dans laquelle elle s’installa pesamment sentant de nouveau l’émotion la gagner.
- Mais qu’est-ce que j’ai été conne. Pourquoi me suis-je embarquée dans cette histoire. Je l’aime mon Vincent. Dieu m’est témoin à quel point je l’aime.
Les larmes se remettaient à couler alors qu’elle faisait le point dans sa tête.
- Bon sang, qu’est-ce qu’il m’a pris de le tromper. Pourquoi ai-je cédé à ce coureur de jupon. Je le savais qu’il draguait tout ce qui porte jupon, mais ça m’a bien plu qu’il me tourne autour. Ça m’a bien amusée, ça m’a bien flattée. Mais est-ce que ça valait la perte de l’amour de Vincent ? Est-ce que ça valait que je risque de perdre tout ce qui faisait mon bonheur et mon épanouissement ? C’est peut-être ça la crise de la quarantaine !
Elle sentait au fond d’elle que la désinvolture du ton que prenait sa pensée était totalement feinte. En fait, elle se savait perdue, en chute libre dans un puits qui serait certainement sans fond.
- Comment rattraper toutes ces conneries maintenant ? Comment lui faire comprendre qu’il n’y a jamais eu que lui ? Comment lui faire admettre que ça n’a eu aucune importance pour moi. Comment l’amener à me pardonner ? je sais à quel point il est rancunier. Il va m’en vouloir, c’est sûr. Mais s’il m’en veut, cela voudra dire qu’il m’aime encore.
Elle prit conscience que cela faisait plus d’un quart d’heure qu’elle était dans sa voiture et qu’il serait temps de rentrer.
- Je vais me jeter à ses pieds, le supplier de m’écouter, lui dire que je n’aime que lui, lui dire que…
Elle démarra le véhicule, enclencha la première. Tout le trajet de retour à leur appartement, elle ne cessa de pleurer et de laisser les mêmes pensées tourner en rond dans son esprit.
Elle arriva en bas de leur immeuble, monta les marches aussi vite qu’elle put et s’arrêta essoufflée sur leur palier. Elle chercha ses clés dans son sac à main, les trouva puis ouvrit la porte d’entrée.
Elle se précipita au salon qu’elle trouva vide. Elle alla à la cuisine, vide, elle aussi. Elle fit le tour de l’appartement et ne trouva personne, « Mais où est-il ? »
Elle ouvrit la penderie de leur chambre et vit qu’il n’avait emporté aucun vêtement, « Il n’a pas pris ses affaires, c’est déjà ça. »
Elle revint dans le salon et prit son mobile, et appela Vincent. Elle tomba directement sur sa messagerie, « Mon chéri, où es-tu ? Reviens, je vais tout t’expliquer. Sache que je t’aime et n’aime que toi. »
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Vincent regarda la silhouette de Julie s’éloigner dans son rétroviseur. Il tourna à droite au bout de la rue et elle disparue. Il reporta son attention sur la route. Il en avait pour une demi-heure. Enfin, il pénétra dans l’impasse des Cèdres et entra par le portail grand ouvert de la dernière propriété.
Une jeune femme à la flamboyante chevelure rousse et aux magnifiques yeux vert, l’attendait sur le perron. Il descendit de voiture et l’admira, un superbe sourire au visage.
Il marcha jusqu’à elle tout en continuant de sourire. Elle s’effaça pour le laisser entrer.
Il se rendit directement dans le salon avec elle.
- Alors ?
- Tout a marché comme prévu.
- Raconte, je t’en prie.
Il lui raconta la soirée sans omettre un seul détail.
- Je t’ai envoyé discrètement un texto te prévenant que tu pouvais appeler ton mari. Thomas, lui, est resté avec moi.
- Il était sidéré. Je lui ai demandé si je pouvais compter sur son témoignage. Il m’a demandé si je m’adressais à l’ami ou à l’huissier de justice.
- Qu’est-ce que tu lui as répondu ?
- Au deux mon colonel, pardi ! Je me suis levé et précipité à leur table. Je ne te dis pas la tête de Julie lorsqu’elle m’a senti dans son dos. Bref, j’ai fait un énorme scandale après quoi je suis immédiatement parti avant qu’elle ne puisse me rattraper à la voiture et suis venu d’une traite jusqu’ici.
L’épouse de Gérard l’écoutait crispée, serrant sa main qu’elle tenait serrée contre sa poitrine.
- Bon, et toi ?
- Eh bien, comme prévu, je l’ai appelé pendant que tu faisais le scandale et lui ai dit que je savais tout pour lui et sa maîtresse, que je lui envoyais un huissier accompagné du mari de sa maîtresse pour le prendre en flagrant délit et qu’il ne pouvait plus mettre les pieds à la maison dont je venais de faire changer les serrures. Il n’a même pas tenté de se justifier. Il m’a dit que c’était la première fois. Je lui ai rétorqué que j’avais les preuves de toutes ses infidélités et que je demandais le divorce à ses torts. Il m’a dit qu’il allait habiter quelques temps chez ses parents pour faire le point. Quel lâche !
- Bon, voilà une bonne chose de faite. De ton côté, tout à l’air réglé.
- Mais pour toi, tu crois que ce sera suffisant mon amour ?
- Avec le témoignage de Thomas, elle ne pourra plus échapper à la procédure de divorce pour faute et adultère, je te le garantis.
- Si tu savais comme j’ai eu peur que ça ne marche pas.
- Tu sais, il n’y avait aucun risque. Je pense que, même s’ils ont rapidement compris que je les avais utilisés, ils ne refuseront pas de témoigner en ma faveur. Patricia a été outrée d’apprendre que Julie l’utilisait pour ses soirées avec son amant et Thomas a immédiatement pris fait et cause pour moi.
- Tu es sûr ?
- Oui ma chérie. Nous allons pouvoir vivre notre amour au grand jour. Plus besoin de se cacher. Te voilà enfin débarrassé de ton mari, coureur de jupon invétéré et moi, s’en est fini des mensonges de cette manipulatrice.
- Vincent, finalement nos malheurs nous ont permis de nous rencontrer, par le biais de nos deux traîtres, de découvrir notre infortune et d’apprendre à se connaître, s’apprécier, puis finalement, de s’aimer comme des fous.
- Oui mon amour. La procédure ne prendra pas trop de temps. Sitôt libérés, je t’épouse et accepte le poste que mon patron me propose depuis un an.
- Tu veux dire que tu es prêt à nous emmener avec toi vivre à Sydney ?
- Oui ma chérie, je veux refaire ma vie avec toi. C’est simple. Je ne me fais aucun souci, nous allons redémarrer une vie qui sera celle dont nous avons rêvé lorsque nous avons découvert à quel point notre amour pouvait nous aider à surmonter les pires épreuves. Et là-bas au moins, aucun de nos deux ex ne pourra venir perturber notre amour.
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CANDAULISME
Sans un mot, Vincent leur tourne le dos et fonce vers son véhicule bousculant quelques tables au passage. Julie se ressaisit, elle lui court après, et le rattrape au moment où il entre dans sa voiture. Elle frappe à la vitre de toutes ses forces :
- Laisse-moi monter mon chéri, je rentre avec toi. Je vais tout t’expliquer.
- Monte… Alors ? cette explication.
- Mon chéri, je ne comprends pas ta réaction, je croyais que ça te plaisait, que tu étais d’accord. On en a parlé…- Comment ça ? Ça me plaît à ton avis que tu me trompes !
- Mais non, c’est juste un jeu. Tu avais dit que tu rêvais que je couche avec un autre.
- Tu n’as pas tout compris. Ou tu fais semblant de ne pas comprendre ? Oui, c’est mon fantasme, mais non ce n’est pas comme ça que je vois les choses. Là c’est de la tromperie pure et simple.
- Mais…- Je rêve de te voir coucher avec un autre, mais en ma présence. Je rêve d’un moment de complicité entre toi et moi.
- J’ai bien compris, mais j’ai juste voulu tenter l’expérience seule, avant de le faire avec toi. Pour voir…lui dit-elle hypocritement.
- Dans mon dos…- Non !
- Tu m’en as parlé ?
- …- Où est la complicité ? Et puis, pour moi c’est avec un mec que l’on aura choisi ensemble, que l’on ne reverra jamais. Pas un amant avec qui tu as une relation régulière. Combien de fois avec lui ?
- … Plusieurs, oui. Mais ça s’est fait comme ça. On s’est vu une fois, on s’est revu. Mais il n’y a rien avec lui. Que du plaisir sexuel, pas de sentiment, ça je te le jure. Et encore, le plaisir n’est pas total. Tu as raison… Il manque la notion de complicité, il manque l’amour. Et ça, il n’y a que toi qui peut me l’apporter. Dit-elle amoureusement en se penchant vers lui.
- …- Je regrette mon chéri, amèrement. De toute façon, ce dîner était pour moi l’occasion de lui annoncer que c’est terminé. Je te le jure. Crois-moi.
Les semaines ont passé. Vincent est bien conscient du fait que Julie s’en est tirée d’une pirouette avec cette histoire de satisfaire son fantasme. Après, elle a fait amende honorable. Elle regrette vraiment. Vincent a pardonné. Il connaît suffisamment Julie pour savoir qu’elle est sincère. Un simple coup de canif, une erreur de parcours. Ce n’est pas la fin du monde, se dit-il. Ce qui compte c’est sa bonne foi. Et pour ça, il est sûr de lui et sûr d’elle.
Souvent, il y repense, l’imaginant dans les bras de son amant. Systématiquement, ça lui provoque un début d’érection. Généralement, il se satisfait tout seul dans ces moments-là.
Ça le taraude de plus en plus. Presque une obsession. Même quand il fait l’amour avec Julie, il s’imagine à côté d’elle, assis sur le lit. Elle avec un autre homme. Mais ce n’est pas l’autre qu’elle regarde, c’est lui. Elle ne le lâche pas des yeux. Elle lui sourit pendant que l’autre la prend. C’est Vincent qu’elle embrasse à la fin, tendrement.
C’est décidé. Il va lui faire une surprise.
Il contacte Gérard, l’homme qui a été son amant pendant ces quelques semaines. Il lui explique son fantasme, le persuade de venir chez eux vendredi soir. Gérard est d’accord pour jouer le jeu. Il lui a dit que Julie l’était également :
- Chérie, vendredi soir, ne prévois rien.
- On sort ?
- Non, on reste à la maison, mais je te prépare une surprise.
Le vendredi soir, Gérard sonne à la porte. C’est Julie qui va ouvrir :
- Gérard mais qu’est-ce que tu veux ? Je pensais avoir été suffisamment claire.
- Mais…
Julie sent Vincent arriver dans son dos :
- Chéri, ne va pas croire que c’est moi qui lui ai demandé de venir. Pour moi, c’est terminé. Lui dit-elle affolée.
- Je sais ma chérie, c’est moi qui lui ai demandé. C’est lui ma surprise.
- Pardon ? Mais c’est du grand n’importe quoi.
Julie referme la porte sur Gérard en lui disant :
- Merci d’être passé Gérard, mais désolée, j’ai des trucs à voir avec mon mari. Ah et ne reviens pas. Inutile.
Une fois la porte refermée sur le pauvre Gérard qui n'y comprend plus rien, elle se retourne :
- Quant à toi, dit Julie en pointant le doigt vers Vincent, j’ai bien compris ton envie. En revanche, comme tu me l’as reproché à juste titre, c’est juste une histoire de complicité. Tu aurais dû m’en parler avant. Je suis désolée, je n’en ai pas envie. Moi, ça ne me plaît pas. Ça me rappelle une expérience malheureuse.
- Une expérience malheureuse ?
- Oui, cette relation avec Gérard. Pour moi c'était une erreur. Et tu remets ça sur le tapis.
Vincent s’attend à affronter l’orage. Julie s’approche de lui :
- Tu es un idiot, mais je t’aime quand même. Lui dit-elle en se serrant contre lui et en l’embrassant. Tu es mon idiot, c'est toi que je veux. Personne d’autre. Pour tes fantasmes un peu particuliers, je te conseille par contre de continuer tes petites branlettes.
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RECONCILIATION
Sans un mot, Vincent leur tourne le dos et fonce vers son véhicule bousculant quelques tables au passage. Julie se ressaisit, elle lui court après, et le rattrape au moment où il entre dans sa voiture. Elle frappe à la vitre de toutes ses forces :
- Laisse-moi monter mon chéri, je rentre avec toi. Je vais tout t’expliquer.
Julie se fait toute petite sur le siège passager à côté de Vincent. C’est lui qui rompt le silence :
- Tu l’aimes ?
- Non voyons, c’est toi que j’aime.
- Pourtant tu m’as fait cocu avec lui.
- Non pas cocu, c’est laid.
- Enfin dis-je doctement. Tu baises avec un autre, donc tu m’as trompé,- Toi aussi tu m’as trompé.
- Non, jamais. Pourquoi dis-tu ça ? Pour te disculper ?
- Si, tu m’as trompé sur la marchandise… Quand nous nous sommes mariés.
- Quoi ? C’est quoi cette histoire ?
- J’étais naïve quand nous nous sommes rencontrés, sans beaucoup d’expériences. C’est toi qui m’as révélé, c’est toi qui m’as faite femme.
- …- Et dès que j’ai été femme, avec mes envies, mes besoins, tu m’as laissé tomber.
- Mais non voyons. Nous faisons l’amour régulièrement.
- Bof ! Un petit coup vite fait, en passant.
- Non bien sûr… Enfin parfois je suis fatigué, j’ai beaucoup de travail. Ce n’est pas une raison pour aller voir ailleurs.
- Comment te faire comprendre que la femme que tu as révélée, avait besoin de toi- Tu aurais pu m’en parler.
- Comment veux-tu ? Qu’aurais-tu dit si un soir en rentrant de chez lui je t’avais annoncé : « Mon chéri, je n’aime pas le repassage, donc je sous-traite. Comme tu n’aimes pas baiser, j’ai aussi sous-traité »- Arrête avec ce ton ironique, tu m’as trahi, tu m’as menti… Tu comptes le revoir ?
- Non. Il a dû comprendre que tout est fini maintenant. Et j’espère que toi aussi tu as compris.
- Tu veux que je le remplace ? C’est le monde à l’envers.
Le reste du trajet fut silencieux.
En arrivant, Ils se sont couchés comme tous les soirs, sauf qu’il ne lui a pas souhaité « Bonne nuit » en lui faisant la bise comme tous les soirs. Elle n’a rien osé dire, mais il entendait sa respiration, retenant ses sanglots.
Il se disait qu’elle n’avait pas tout à fait tort, il l’avait un peu négligée… Trop souvent… Sans se rendre compte de ses attentes.
Elle se disait qu’il n’avait pas tout à fait tort, elle avait exagéré, et l’avait trompé sans aucun état d’âme, sans se rendre compte du mal qu’elle lui faisait, ni du mal qu’elle se faisait.
Vincent se levait tôt pour aller travailler. Le café était prêt, Julie s’était levée plus tôt sans faire de bruit. Elle l’attendait pour le boire ensemble.
Les jours qui suivirent furent maussades, pour ne pas dire douloureux. Chaque fois que leurs regards se croisaient, ils tournaient la tête rapidement, aucun ne voulant faire le premier pas de peur d’être rejeté par l’autre.
Ce petit jeu aurait pu durer longtemps, Julie en décida autrement, pour se faire pardonner, pour retrouver Vincent, retrouver leur vie d’avant.
Un matin, à moitié endormi, Vincent senti une douce chaleur l’envahir. Normal, la trique du matin, toujours agréable pour un homme de constater au réveil que la mécanique fonctionne bien, surtout après ces journées d’abstinence.
Il réalise que ce matin, c’est différent, un reste de rêve érotique.
- Mais… Que fais-tu ?
Julie ne réagit pas de suite, sa maman lui ayant toujours dit qu’il ne fallait pas parler la bouche pleine. Levant enfin la tête :
- Détends-toi, c’est ton rêve qui continue. Dors.
- …- Il y a trop longtemps que j’en ai envie.
Vincent réalise qu’il a la même envie que Julie. Il la laisse faire en fermant les yeux.
Au bout d’un moment, il s’aperçoit que Julie est nue, elle a enlevé sa nuisette. N’étant pas égoïste, il lui caresse les seins et descend le long de son ventre en déposant des petits baiser, jusqu’à son intimité qu’il embrasse fougueusement.
La suite est facile à imaginer, d’ailleurs les voisins ont peut-être entendu le râle de monsieur suivi presque immédiatement du cri aigu poussé par madame.
Ils se retrouvent sous la douche. Reprenant leurs habitudes, il la prend en levrette comme aux premiers jours de leur mariage, réveillant une nouvelle fois les voisins qui venaient de se rendormir.
Ce jour-là, le café n’est pas prêt quand il entre dans la cuisine. C’est lui qui le prépare, en sifflotant.
Le soir, la table est mise, Julie a mijoté un petit repas en amoureux.
Vincent arrive un gros bouquet de fleurs à la main.
Au dessert, elle se fait câline en venant sur ses genoux :
- Nous n’avions pas le projet d’agrandir la famille ?
Ils se retrouvent sur le lit sans savoir comment, sans avoir débarrassé la table.
- Cette nuit, je ne te laisse pas dormir, dit-elle amoureusement.
- Ça tombe bien je n’ai pas sommeil, répond-il en l’embrassant.
Ne tenant pas parole, ils s’endormirent l’un contre l’autre, pour ne pas dire l’un dans l’autre au milieu de la nuit.
Lui, vidé dans tous les sens du terme.
Elle, n’ayant pas la force d’aller sous la douche avant de sombrer dans le sommeil.
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage. Les jours, enfin plutôt les nuits, se suivirent et se ressemblèrent.
Pas le temps d’attendre pour savoir si ce sera un garçon ou une fille.
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MINISTERIEL
Sans un mot, Vincent leur tourne le dos et fonce vers son véhicule bousculant quelques tables au passage. Julie se ressaisit, elle lui court après, et le rattrape au moment où il entre dans sa voiture. Elle frappe à la vitre de toutes ses forces :
- Laisse-moi monter mon chéri, je rentre avec toi. Je vais tout t’expliquer.
Vincent entrouvrit la porte côté passager. Julie s’engouffra dans le véhicule qui démarra immédiatement.
- Alors ? Je t’écoute.
Julie ne put répondre avant quelques instants, le temps de récupérer son souffle.
- Ce n’est pas ce que tu crois. Oui, j’ai couché avec ce salaud, mais pour te venger.
- Comment ça pour me venger ? Il va falloir que tu m’en dises plus, sinon je sens que je vais péter un câble.
Elle lui tendit la clé USB qu’elle avait dans la poche de son manteau.
- Tu verras, il y a tout dedans. Tout je te dis, les vidéos de nos parties fines, excuse-moi mon chéri. Avec ça, tu peux lui foutre sa vie, sa famille et surtout sa carrière en l’air.
Il mit la clé dans sa poche.
- Rentrons, je vais t’expliquer mon plan.
Dans la voiture, Julie lui expliqua son plan en détail. Elle devait voir Gérard trois ou quatre soirées pour avoir suffisamment de matière pour faire les montages nécessaires.
Ils rentrèrent et Vincent se mit immédiatement au travail. Il visionna pendant plus de deux heures tous les enregistrements. Julie était assise à côté de lui et faisait de temps en temps des commentaires.
- Là, tu vois, je me tourne pour qu’il me prenne par derrière afin qu’il soit face à la caméra.
- Bien manœuvré ma chérie.
- Là regarde, il voulait éjaculer en moi et je l’ai fait venir sur mon visage pour que tu l’ais en gros plan.
- T’es vraiment la meilleure.
Les deux heures qui suivirent le virent faire plusieurs montages avec des prises de vues différentes qu’il enregistra dans des clés USB forma carte de crédit différentes.
- Vas-y, prépares les enveloppes.
Julie sortie cinq enveloppes rembourrées et inscrit l’adresse de Gérard dessus. Il ouvrit son logiciel de traitement de texte et commença la rédaction de sa lettre.
- Monsieur Gérard L., Ministre des Transports, 246 boulevard Saint Germain, 75007 Paris
Il ajouta au marqueur « Confidentiel ».
- Monsieur le Ministre, vous venez récemment d’être décoré de la légion d’honneur et avez fait pour l’occasion, la une de toute la presse mondaine. Cette même presse serait très certainement intéressée, et votre chère épouse tout autant, d’apprendre que vous vous vautrez dans le stupre et la luxure dans les bras de l’épouse de votre ex-directeur de cabinet que vous avez injustement remercié pour le remplacer par un ami proche en mal d’emploi.
Outre le fait que votre subordonné vous a, à de nombreuses reprises, sauvé la mise en vous donnant les meilleurs conseils vous ayant évité de prendre de mauvaises décisions qui auraient très certainement été dramatiques pour votre carrière, il se trouve qu’il avait également été pressenti pour prendre votre succession en cas de remaniement ministériel.
N'ignorant pas que vous devez tout votre parcours au fait que votre épouse se trouve être la sœur de notre cher premier ministre actuel, vous devinez aisément qu’elle serait sa réaction si elle venait à apprendre vos turpitudes sexuelles et qu’elle serait celle de son aîné quant à votre devenir politique au sein du gouvernement, de votre parti, et de votre existence d’homme publique en général.
Aussi, je vous donne une semaine pour me réintégrer au sein de votre équipe ministérielle en tant que conseiller spécial et, dans le même temps, de remettre votre démission auprès du premier ministre.
Faute d’exécution scrupuleusement de ces deux injonctions, ou d’en informer quiconque, je remettrai une copie du contenu de cette clé USB à votre femme, à son frère, à leurs chers parents, ainsi qu’à la plupart des médias influents.
En revanche, si vous obéissez à ce dictât, je vous remettrai tous les originaux en ma possession et vous n’entendrez plus jamais parler de cette sombre histoire.
Veuillez croire, monsieur le ministre, en l’expression superfétatoire de ma considération distinguée.
Une semaine plus tard, les Français apprenaient stupéfaits que la coqueluche en vogue du gouvernement, le ministre des Transports démissionnait de ses fonctions pour raisons personnelles et était remplacé par son plus proche conseiller.
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URANIEN
Sans un mot, Vincent leur tourne le dos et fonce vers son véhicule bousculant quelques tables au passage. Julie se ressaisit, elle lui court après, et le rattrape au moment où il entre dans sa voiture. Elle frappe à la vitre de toutes ses forces :
- Laisse-moi monter mon chéri, je rentre avec toi. Je vais tout t’expliquer.
Vincent démarra en trombe laissa Julie sur le trottoir.
Il fit le tour du pâté de maison et revint à l’auberge où il se présenta à l’accueil. On lui remit sa clé et il monta à l’étage prendre possession de sa chambre.
Après une bonne nuit de sommeil, il se rendit au cabinet de son avocat et, après l’avoir dûment remplie, il lui confirma qu’il pouvait envoyer la demande de divorce à sa future ex-épouse. Il passa l’après-midi à se promener dans les rues piétonnes de la ville.
Vers dix-neuf heure trente il revint au restaurant et s’installa à une table au fond de la salle.
Il commença à dévisager les personnes qui venaient s’installer aux différentes tables. Le temps de consommer un apéritif, il vit entrer le fameux Gérard, suivi d’un couple. Ils s’installèrent à l’opposé de la pièce par rapport à lui, Gérard tournant le dos à la salle.
Tout à coup, la femme du couple interpella une jeune femme à quelques tables de la leur et dans son champ de vision.
- Antoinette ?
Elle se leva et vint près de la table de la femme qu’elle venait d’appeler, et qui se trouvait à souper en compagnie d’un homme. Vincent reporta son attention sur les deux hommes restés sur place. Il vit que Gérard parlait tout en pointant la table où s’était rendue la femme, puis se lever et, d’un bond, rejoindre cette même table.
La femme assise sembla se renfrogner tout en baissant la tête.
Gérard se mit à parler fort.
- Bonsoir ma chérie, tu ne me présente pas ?
Sans lever les yeux, elle répondit :
- Té…Thierry.
- Ah, c’est vous Thierry ?
- A qui ai-je l’honneur ?
- Je suis le mari d’Antoinette… C’est donc vous qui baisez régulièrement ma femme ?
La jeune femme sembla outrée.
- Oh !
- Mais ma chérie, si Thiéééééry a réservé une chambre ici, c’est bien pour te sauter au dessert, non ?
- Chut, pas si fort.
La femme qui était avec Gérard poussa un petit cri, elle venait enfin de réaliser la situation. Elle jeta un regard au secours à son mari qui n’avait pas quitté sa table. Le couple venait de se rendre compte que Gérard s’était servi d’eux pour piéger sa femme. Avant de s’éloigner, la femme se pencha à l’oreille d’Antoinette et lui murmura quelque chose. Celle-ci regarda Gérard.
- Mon chéri, laisse-moi t’expliquer.
- Oui, explique-moi ce que tu fais ici. Car à un moment, j’ai cru que tu étais venue ici pour coucher avec ce monsieur.
- …- Oui, je t’écoute.
- Comment te dire, ce n’est pas ce que tu crois.
- Mais je ne crois rien, j’attends tes explications.
- Mon chéri, pardonne-moi.
Le maître d’hôtel se précipita pour calmer le jeu. S’adressant à lui toujours aussi fort pour être bien entendu de tous les clients :
- Alors, c’est un bordel votre établissement ?
La salle resta silencieuse, plus un bruit, les conversations s’étaient arrêtées.
Sans un mot, Gérard leur tourna le dos et fonça vers la sortie bousculant quelques tables au passage. Julie se ressaisit, et lui courut après.
Par les grandes vitres du restaurant, Vincent vit Gérard bondir dans sa voiture et Antoinette rattraper le véhicule et frapper à la vitre du conducteur. Ce dernier démarra précipitamment laissant la jeune femme sur le trottoir.
La jeune femme revint devant l’entrée du restaurant, resta quelques instants devant le couple, puis tous les trois partirent ensemble, sortant du champ de vision de Vincent.
Le serveur arriva et lui apporta son dessert. Il se régala tranquillement et termina sa demi-bouteille de Mercurey en se pourléchant les babines.
Un bon quart d’heure plus tard, Gérard entra dans le restaurant et se dirigea directement vers la table de Vincent. Il s’assit et regarda son vis-à-vis.
- Ouf, enfin terminé.
Vincent reposa son verre et posa ses mains à plat de chaque côté de son assiette.
- Ils sont Ok pour témoigner ?
- Oui, il n’y aura pas de problème, ils ont été outrés.
- Tu as eu ton avocat ?
- Oui, la demande de divorce part à la première heure demain.
Vincent regarda Gérard dans les yeux.
- Nous voilà enfin débarrassés de ces deux pots de colle.
- Tu l’as dit, ce n’est vraiment pas trop tôt.
- Si on m’avait dit, j’en aurait ri, et trouvé cela très drôle.
- Moi aussi, jamais je n’aurais cru que cela puisse m’arriver un jour.
- Il n’y a plus aucun barrage désormais.
Il lui fit un sourire.
- Tu sais, quand j’ai découvert que tu étais l’amant de ma femme, j’ai failli péter un plomb. Bon sang, le mec sur qui j’avais flashé à la soirée au boulot de Julie. D’ailleurs, dès ce soir-là, j’avais bien vu que toi aussi tu étais troublé. On s’est retrouvé au buffet et tu m’as parlé de ta vie de famille qui te pesait et je t’en ai dit tout autant sur la mienne. On s’est revus, et je sentais bien que quelque chose était en train d’échapper à mon contrôle. Et puis patatras, je découvre vos mails, vos rendez-vous, j’étais complètement perdu. Heureusement que tu as su m’expliquer ton plan, diabolique soit dit en passant, sinon, je crois bien que je t’aurais cassé la gueule.
Gérard saisit les mains de Vincent par-dessus la table.
- Oui mon chéri, il n’y a plus aucun obstacle pour que nous puissions vibre notre amour au grand jour.
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VENGEANCE
Sans un mot, Vincent leur tourne le dos et fonce vers son véhicule bousculant quelques tables au passage. Julie se ressaisit, elle lui court après, et le rattrape au moment où il entre dans sa voiture. Elle frappe à la vitre de toutes ses forces :
- Laisse-moi monter mon chéri, je rentre avec toi. Je vais tout t’expliquer.
- M’expliquer quoi ? Que je suis cocu ? Ça je le sais.
- Mais non…- Ah bon, je ne suis pas cocu ?
- Si, je suis désolée mon chéri…- Mon chéri ? Ah bon ? Vraiment ? Tu vas expliquer quoi au juste ? Pourquoi ? Comment ? Je ne vois pas autre chose à dire, et j’avoue que ça ne m’intéresse pas tant que ça.
Après un moment de silence, Vincent continue en regardant sa montre :
- D’ailleurs, tu n’en as plus pour très longtemps avant… de rendre les armes.
- Quoiiii ?
Julie part en courant vers le restaurant. Vincent goguenard s’appuie sur le capot de sa voiture en croisant les bras. Quelques minutes plus tard, Julie revient :
- Tu étais partie rejoindre ton amant ?
- Mais non, j’ai eu un petit souci…- Ah ? Mais où tu vas comme ça ? On dirait que tu as le feu aux fesses !
Julie vient de repartir vers le restaurant. A son retour Vincent reprend :
- Pas facile comme situation n’est-ce pas ? Tu viens de te faire griller par ton mari avec ton amant. Oui, je sais tout. Oh pas depuis longtemps. C’est ta boite Gmail qui t’a trahie. Je suis venu vous rendre une petite visite dans cette charmante auberge ce soir. Quand je suis arrivé avec Patricia et Thomas, j’ai eu la surprise de reconnaître le maître d’hôtel. Mon vieux pote Seb, de l’époque du lycée. Ça faisait longtemps que je ne l’avais pas croisé. Pendant que nos amis sont allés s’installer dans la salle, j’ai discuté avec Seb. Je lui ai tout dit sur le pourquoi de ma visite ce soir, en te désignant toi et l’autre con, à l’autre bout de la salle.
- Il m’a proposé de mettre en place une petite blague qui m’a tout de suite intéressée. Mettre dans les coupes de champagne que vous aviez commandé un puissant laxatif. La soirée risquait d’être animée finalement.
- Mais… mais…- Ne te plains pas, toi qui voulais faire un régime avant l’été pour pouvoir te mettre en maillot sur les plages, Je te donne un sacré coup de pouce. Ah tu y retournes ?
Julie vient de repartir en direction du restaurant.
Vincent se dirige vers les toilettes et dit à travers la porte :
- Aucune crainte, ce produit n’est pas dangereux, même si Seb l’utilise pour ses chevaux. Tu en as pour quelques heures. Je te conseille de ne pas t’éloigner de l’auberge afin de profiter de leurs toilettes. Quand ils fermeront, ça va être plus compliqué je pense. Il te reste la nature et les feuilles des arbres. Tu as de la chance, nous sommes dans un environnement bucolique.
- S’il te plaît Vincent…- Quoi ?
- Ne me laisse pas comme ça…- Oh non ! Je ne peux rien pour toi. Que veux-tu que je fasse ? Te tenir la main ? Te ramener à la maison ? Pour que tu ruines les sièges de la voiture ? Ah non !
Vincent ne peut s’empêcher un ricanement devant le spectacle de Julie sortant de la cabine tout pâle et y retournant aussitôt en se tortillant :
- Dommage pour votre partie de cul. Oh pardon de parler de ça. Sur ce, salut ! Je rentre. On en reparlera peut-être demain. Je vais me coucher. Ah et ne compte pas sur ton mec pour t’aider et te ramener. Il doit squatter les toilettes pour hommes. D’après ce que m’a dit Seb, il a eu droit à une double dose. Tu devrais être remise avant lui. Tu pourras rentrer à pied. Enfin si tu rentres. Bonne chasse ma Chérie.
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PARTAGE
Sans un mot, Vincent leur tourne le dos et fonce vers son véhicule bousculant quelques tables au passage. Julie se ressaisit, elle lui court après, et le rattrape au moment où il entre dans sa voiture. Elle frappe à la vitre de toutes ses forces :
- Laisse-moi monter mon chéri, je rentre avec toi. Je vais tout t’expliquer.
- …- Ecoute-moi.
Un éclat de voix arrivant du restaurant l’interrompt, la porte s’ouvre violemment. Thomas sort, énervé, suivi de Patricia affolée. Sans un mot, il ouvre la portière et s’assied à côté de Vincent, sans un regard à Julie.
- Vas-y.
Sans rien demander, Vincent démarre. Dans le rétroviseur, il voit Julie et Patricia, la figure défaite, debout les bras ballants.
Thomas reste un moment silencieux. Vincent n’ose lui poser la moindre question, tellement il le sent nerveux.
- La salope ! Crie-t-il en serrant les poings.
Vincent sursaute. D’accord, il n’a pas tort, mais tout de même c’est sa femme, et en quoi cela le concerne-t-il ?
- Toutes les mêmes…- De quoi tu parles ?
Et là, Thomas raconte d’une voix hachée, …
- Quand tu es parti, en bousculant tout le monde, Julie t’a suivi. Intrigué, j’arrivais à leur table. Surpris par l’attitude de Patricia, elle regardait l’amant de ta femme avec des yeux ronds. Elle s’est mise à crier, non plutôt à hurler « Mais putain, qu’est-ce que tu fous ici ? ». Lui n’en menait pas large, dans ses petits souliers… S’il avait pu s’enfuir… Et Patricia qui continue à hurler « Salaud, et avec ma meilleure amie ». L’autre con ne trouve rien d’autre à dire « Excuse-moi chérie, je ne savais pas ». Ce con, devant moi, son mari. Là j’ai tout compris. J’ai fixé Patricia qui s’est enfin rendue compte de ma présence… Elle a voulu se jeter dans mes bras, je suis parti comme toi. Elle criait « pardon », et voilà… toutes les mêmes.
- Tu veux dire ?
- Qu’on est cocu tous les deux. Précise Thomas.
- Que comptes-tu faire ?
- Ce soir Patricia couchera sur le paillasson et demain elle fait sa valise.
- Vient chez moi, j’ai un 12 ans d’âge, on va se consoler comme on peut. Quand Julie rentrera, elle aura aussi droit au paillasson. Lui dit Vincent avec un rictus de satisfaction.
Ils se retrouvent, un verre de whisky à la main, affalés en silence dans les fauteuils du salon. Boire pour oublier, c’est la devise des cocus. Un verre, deux verres :
- Pas mauvais, ton truc, … mais c’est fort.
- Ouais ! Faut quand même admettre que c’est plutôt une boisson d’homme.
Servant une nouvelle tournée, Vincent sursaute en entendant son ami proclamer comme une évidence :
- Tout de même, Quel salaud !
- Ouais ! Quel salaud !
- Tu l’as dit.
- Bienvenu au club. Moi qui pensais coincer Julie… D’une pierre deux coups.
- Merci, sans toi, elle continuait à me faire porter des cornes.
- On a la même paire, fabriquée dans le même bois.
- Mais qu’est-ce qu’elles lui trouvent ? Il n’est même pas beau.
- Même pas.
- Cocu, on est bien cocu… Et depuis combien de temps ?
- Va savoir… répond Vincent avec philosophie.
Deux verres plus tard, Thomas et Vincent deviennent plus expressifs, et franchement grivois :
- D’abord… Hips ! Qu’est-ce qu’il a de plus que nous ?
- Rien… Non rien !
- M’est avis qu’il doit en avoir une grosse. Toutes les femmes en raffolent.
- Tu crois ? … Avec la tête qu’il a ? ...T’as une p’tite bite toi ?
- … Bof !
- Et maintenant, ils vont faire comment ? A 3 ?
- Comment ça à 3 ?
- Des salopes…. Hips !... Des salopes … et des gouines.
- Ouais ! … ça leur rappellera leur jeunesse.
La bouteille était vide. En finissant leur dernier verre, ils n’avaient plus rien à se dire. Le regard vague, en criant en chœur « Ah les salopes ! » ils s’effondrèrent, sans même enlever leurs chaussures.
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EPILOGUE
Quand Julie est arrivée, Vincent ronflait. Voyant le tableau, elle ne fit aucun bruit pour ne pas le déranger. Elle alla se coucher contente de sa soirée, en pensant que son réveil risquait d’être douloureux.
Quelle nuit ! Etait-ce l’inconfort du lieu ou l’abus de boisson, toujours est-il, que la nuit fut agitée.
Il fait grand jour quand Vincent ouvre un œil, il entend du bruit dans la cuisine. L’odeur du café et du pain grillé lui chatouille allègrement les narines. Aïe la tête !
Essayant de reprendre ses esprits, Vincent ne fait pas attention à Julie qui le regarde en souriant :
- Tu es réveillé mon chéri.
- Humm ! dit-il la bouche pâteuse. Ma pauvre tête, elle est prête à exploser. Mais… je suis tout habillé. Oui suis-je ?
- Chez nous, rassures toi. Tu n’as pas eu le temps d’atteindre la chambre ? Ironise-t-elle.
Montrant la bouteille de Whisky vide, elle lance en riant :
- Ben dis donc, tu ne t’es pas ennuyé hier soir. Qu’est-ce qui t’a pris ? Je n’aurais jamais dû te laisser rentrer seul.
Le fauteuil à côté de lui est vide.
- Et Thomas ? Comment va-t-il ?
- On lui téléphonera tout à l’heure, j’espère qu’il a été plus sage que toi.
En riant, Julie se penche vers lui. Elle l’embrasse sur la joue :
- Que s’est-il passé ? Lui demande-t-il en la regardant d’un regard vitreux.
- Tu ne te souviens plus ? Il était tard, en rentrant, je t’ai trouvé affalé sur le tapis, cette bouteille vide à la main. Heureusement que Gérard m’a accompagné jusqu’ici avant d’aller à son hôtel, il m’a aidé à te mettre sur le fauteuil. Tu as même voulu lui faire la bise, j’en étais jalouse.
- Oh ! La honte.
- Viens prendre un bon café, tu en as besoin.
- J’arrive.
- Dès que ça ira mieux, mon chéri, tu pourrais débloquer ma boîte mail ? Je t’en ai parlé hier, je n’arrive plus à lire mes messages.
- D’accord. Prépare-moi un doliprane.
Vincent dégage une odeur de cheval. Un passage sous la douche s’impose, l’eau fraîche lui fera le plus grand bien.
Un peu remis de ses émotions, avant de rejoindre Julie dans la cuisine, il appelle Thomas :
- Allô Thomas ?
- Salut Vincent bien dormi ?
- Pas fort, j’ai une gueule de bois carabinée ce matin.
- C’est vrai qu’hier, tu as un peu forcé sur la bouteille. J’ai même eu des scrupules à te laisser rentrer seul. Tu n’étais pas en état. Julie a été sympa de ramener Gérard à son hôtel, sinon j’aurais dû faire un sacré détour.
- A bon ! … Au fait c’est qui Gérard, j’ai peu discuté avec lui.
- Un ami de Patricia. Ça ne te gêne pas si je l’ai invité à la dernière minute sans te prévenir.
- Non bien sûr, plus on est de fous, hein ! comme on dit... Il a l’air sympa. Julie et Patricia avait l’air de bien s’entendre avec lui.
- Normal pour des amis de fac, ils se connaissent depuis longtemps.
- Comment ça ?
- Ben oui, ils étaient ensemble en dernière année. Patricia l’a retrouvé il y a quelques mois, et hier il a débarqué à l’improviste. Je n’ai pas pu faire autrement que de lui dire de venir avec nous.
- Pas de problème… Bon, je te quitte, Julie m’attends. Bises à Patricia.
- Salut, mon bonjour à Julie, à la prochaine.
Vincent se tient la tête en rejoignant Julie dans la cuisine.
- Humm ! Un bon café chaud, merci ma chérie tu es un ange. Hier soir, je n’ai pas été à la hauteur pour fêter mon anniversaire avec toi comme j’aurais voulu, lui dit-il en déposant un baiser sur ses lèvres.
- C’est pas grave, on se rattrapera ce soir.
- Toi par contre, tu as l’air en pleine forme.
- J’ai été plus sage que toi, pas d’excès. Une bonne nuit, ça requinque. Pense à ma messagerie.
- C’est bien ta boite Gmail qui est bloquée ?
- Ma boite Gmail ? Tu oublies que je suis à la Poste, laposte.net. Dis donc, reviens sur terre. Va falloir te reposer.
Une fois son café avalé, Vincent retourne dans leur chambre la tête embrumée, et s’affale sur leur lit. Le rêve de la nuit lui revient par bribe, des images, des flashs, Julie au restaurant avec un homme, une grande femme rousse, Antoinette et Thierry les cousins de Julie, et Delphine Pélissier, la fille de la compta, qu’est-ce qu’elle fait là ?
Aïe ma tête ! Non Patricia n’a pas d’amant, et Thomas ne l’aurait pas invité à mon anniversaire. Il faut que j’arrête de lire toutes ces histoires sur HDS.
Sans savoir quand il s’est endormi, il sent la main ferme de Julie qui le secoue :
- Allez le loir, assez dormi, il va bientôt faire nuit. Lui dit-elle en le tirant par la main pour le forcer à se lever.
Vincent a une faim de loup. Ils se retrouvent face à face devant le bon petit plat que Julie a préparé.
- Alors ça va mieux ? Ton mal au crâne est parti ?
- Oui, tout va bien ma chérie… Je m’en souviendrais de cet anniversaire.
- Au fait, Gérard a appelé quand tu dormais.
Pourquoi Vincent sursaute-t-il en entendant ce nom ?
- Gérard ?
- Oui, hier il a vraiment été très gentil. Tu sais que j’ai peur de rentrer seule la nuit. Il m’a raccompagné jusqu’ici. Un vrai gentleman. Après, il a dû regagner son hôtel à pied, c’est à deux pas.
- … Il faudra que je l’appelle pour le remercier, répond Vincent sans grande conviction.
- Tu pourras le faire de vives voix samedi prochain mon chéri, pour le remercier je l’ai invité à dîner.
J’ai reçu plusieurs messages de lecteurs qui amusés par le jeu, ont imaginé de nouvelles situations toutes plus cocasses les unes que les autres.
Voici les versions de Lætitia et de Briard qui ont laissé parler leur imagination extravagante. J’ai bien sûr voulu écrire deux petites histoires de mon cru, et je me suis réservé le mot de la fin.
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Je vous conseille de lire le récit original avant de continuer, mais pour ceux trop pressés voici le résumé des épisodes précédents.
Vincent et Julie s’aiment d’un amour sincère. Mais voilà, Julie a un amant, Gérard. Vincent le découvre en ouvrant une boite Gmail inconnue de lui que Julie a ouvert pour la circonstance.
Avec l’aide, bien involontaire, de ses amis Patricia et Thomas, Vincent surprend sa femme avec son amant dans une petite auberge à la sortie de la ville.
Imaginez le scandale…
C’est ici que commencent les différentes versions de ce qui a pu se passer après.
Bonne lecture.
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QUIPROQUO
Sans un mot Vincent leur tourne le dos et fonce vers son véhicule bousculant quelques tables au passage. Julie se ressaisit. Elle lui court après et le rattrape au moment où il entre dans sa voiture. Elle frappe à la vitre de toutes ses forces :
- Vincent ? attends, il va falloir qu’on parle.
- Parler de quoi, lance Vincent d’un ton glacial. Tu me trompes avec ce… ce type. Je te prends sur le fait. Tu ne vas pas nier. Je suis cocu, c’est tout.
Julie éclate de rire :
- Tu crois vraiment que Gérard est mon amant ? Tu me déçois.
- Bien sûr. Prends-moi pour un con. Vas-y nie le en plus. Tu étais à table avec lui, en train de roucouler. Après le dessert, il allait te sauter dans une chambre qu’il a sûrement réservée pour ça.
- Ah Ah Ah ! … Tu es drôle Vincent. Par contre, évite d’être grossier, s’il te plaît. Tu m’as vue à table avec Gérard et tu en déduis que c’est mon amant. C’est ça ?
- Et ça te fait rire ! Tu ne peux pas dire le contraire. Je vous ai vu ! Tu entends ?
Vincent, passablement énervé, crie presque. Julie, les mains sur les hanches et manifestement peu impressionnée, continue :
- Et sinon, à table, tu as dû prendre le temps de bien nous observer. Réfléchis bien avant de me répondre, nous as-tu vu avoir des gestes équivoques ? Gérard et moi avons-nous eu une attitude d’amant et de maîtresse ? Réfléchis bien !
- Non, mais en public, vous deviez vous méfier.
- Ah mais non, tu oublies que cet établissement est un bordel, comme tu l’as si bien dit lors de l’altercation que tu as provoquée. On ne se serait pas gênés dans un bordel. Tu t’es d’ailleurs couvert de ridicule, soit dit en passant.
- Oh ne le prends pas comme ça hein. N’essaye pas de retourner la situation. Je sais ce que je sais.
- Et tu sais quoi au juste ?
- Ton adresse mail, on en parle ? Celle que tu as ouverte pour tes rendez-vous avec ton amant.
- Ça, je veux bien l’avouer. J’ai en effet créé cette boîte pour échanger avec Gérard pour gérer nos rencontres. Mais, ça s’arrête là. D’ailleurs, as-tu lu des mails équivoques ? Des mots d’amour ou des échanges coquins ? Non il me semble, parce qu’il n’y en a pas eu.
- Tu les as effacés et puis c’est tout. Tu baises avec ce salaud et…- Tiens le voilà qui arrive. Je vais te le présenter.
- S’il approche, je lui mets ma main dans la…- Chut, je ne te le conseille pas… Ah Gérard, je te présente Vincent, mon mari, nous avons beaucoup parlé de lui ensemble.
- En effet, dit Gérard, j’ai l’impression de très bien le connaître.
- Chéri, je te présente Gérard, un ami, Gérard Pélissier.
- Bonsoir ! Enchanté, Vincent, dit Gérard, l’air goguenard.
- Pélissier, reprend Julie, ça ne te parle pas mon chéri ? Mais si, cherche un peu. Pélissier ! Mais oui, je vois à ta tête que tu commences à comprendre. Oui, Gérard est le mari de Delphine Pélissier, ta maîtresse, Delphine.
- Exactement, vous êtes l'amant de ma femme, ajoute Gérard.
Vincent blêmit :
- Mais… mais…- Eh oui mon chéri, c’est Gérard qui a découvert votre liaison, qui dure quand même depuis presque un an, n’est-ce pas ? Le mardi de 5 à 7, à l’hôtel du Centre, chambre 21, à priori votre préférée. C’est bien ça mon chéri ?
- Je…- Tu ? Tu quoi au juste ?
- Mais non…- Mais si, mon petit Vincent. Gérard m’a prévenu. Comme il connaissait ton identité, ça n’a pas été compliqué pour lui de me retrouver. Il estimait que j'étais aussi en droit de savoir. Je suis concernée au premier plan, il faut bien le dire. Tu ne crois pas ? Je suis tombée des nues, j’étais effondrée même. Je t’assure que faire bonne figure et continuer à faire comme si de rien était avec toi a été plus que compliqué. Donc oui, Gérard et moi nous nous sommes vus à plusieurs reprises pour en discuter, rassembler des preuves, échanger des informations et préparer nos divorces respectifs. Oui, nous allons divorcer. Tu ne le savais pas encore, c’est fait.
- Mais non, on ne va pas tout arrêter pour ça.
- C’est ma femme que vous appelez « ça » ? ajoute Gérard. Ça va lui faire plaisir !
- Mais si, on va tout arrêter. Tu m’as trahie, hors de question que je continue. Tu as dû te rendre compte ces derniers jours de l’effet que fait ce genre de découverte, n’est-ce pas ? Ça n’est pas plus mal en fait !
- Non, mais…- Tu mesures bien le mal que tu m’as fait donc ? Tu mesures aussi le ridicule de la situation tout à l’heure, dans le restaurant ?
- Laisse-moi t’expliquer Chérie…- Non, rien à faire de tes explications, plus rien à faire plutôt. Ma décision est prise. Sinon « chérie » c’est terminé, il n’y a plus de chérie. J’avais l’intention de te quitter d’ici quelques semaines, le temps de prendre mes dispositions, trouver un logement, tout ça. On va avancer les choses. Je ne rentre pas avec toi. Gérard va me déposer chez ma sœur, je passerai chercher mes affaires ultérieurement, quand tu seras au travail. On y va Gérard ?
- Pas de problème pour moi Julie. Je te dépose. Au revoir Vincent, content de t’avoir rencontré. Bonne fin de soirée. Ah ! Peux-tu laisser un message à Delphine de ma part, s’il te plaît ? Tu seras gentil. Moi aussi je précipite les choses, je ne vais pas rentrer chez nous ce soir.
Un an plus tard, les deux divorces sont prononcés à deux mois d’intervalle.
Vincent est aujourd’hui seul. Delphine aussi. Leur tentative de rester ensemble après le départ de leurs conjoints respectifs a échoué. Un amant et une maîtresse, c’est parfait, tout est rose, on ne profite que des bons moments ensemble. Mais quand on commence à se frotter aux réalités de la vie de tous les jours, la vision des choses change parfois. Ce fut le cas pour Delphine et Vincent. L’herbe n’est pas forcément plus verte ailleurs.
Julie et Gérard sont restés amis. Ils se voient régulièrement, en tout bien, tout honneur.
Un jour peut-être.
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MYSTIFICATION
Sans un mot, Vincent leur tourne le dos et fonce vers son véhicule bousculant quelques tables au passage. Julie se ressaisit, elle lui court après, et le rattrape au moment où il entre dans sa voiture. Elle frappe à la vitre de toutes ses forces :
- Laisse-moi monter mon chéri, je rentre avec toi. Je vais tout t’expliquer.
Vincent entrouvrit la fenêtre et cria à Julie tout en faisait exprès de pousser sur l’accélérateur.
- Démerde-toi pour rentrer.
Il lança le véhicule et la laissa plantée là, sur le trottoir.
Elle le regarda partir, impuissante, incapable de faire le moindre geste, sentant ses forces l’abandonner. Les larmes coulaient abondamment sur ses joues.
Elle sentit une main se poser sur son épaule. Elle se tourna et se retrouva face à Gérard qui avait l’air navré.
- Écoute, ne te mets pas dans un état pareil. Tu devais bien te douter que notre histoire finirait par se savoir.
Elle essuya ses larmes d’un revers de main et le regarda avec de la colère dans les yeux.
- Mais tu n’as rien compris. Si j’ai accepté que l’on se voit ce soir, c’était pour rompre.
- Pour rompre ?
- Oui Gérard. C’est fini. Je n’en peux plus de cette situation. Cela fait des semaines que je mens à mon mari, que je m’invente des prétextes ridicules pour finir avec toi dans cette chambre sordide, et tout ça pour quoi ? Pour quelques instants de plaisir.
- Ah, tout de même, tu reconnais qu’entre nous il s’est passé quelque chose de fort.
- Décidément, tu n’as rien compris. Ce qu’il y a eu entre nous, c’est uniquement le goût de l’interdit, le goût de l’aventure, du risque, mais c’est tout.
- Tu ne peux pas dire ça Julie. Entre nous il y a eu des sentiments, en tout cas pour moi.
- Je regrette Gérard, mais je ne t’aime pas et ne t’ai jamais aimé. Tu t’es trouvé là au moment où j’avais envie de me sortir de mon quotidien. Mais sitôt entamée, cette aventure m’a fait comprendre à quel point j’aimais ma vie, à quel point j’aimais mon mari et, surtout, à quel point j’avais besoin de son amour.
- Dis, tu ne crois pas que c’est un peu tard pour t’en rendre compte ?
- Arrête tes sarcasmes, hein ? tu es mal placé pour donner des leçons. Tu es marié, je te rappelle, ta femme t’aime, et tu as des enfants.
- Tu as sans doute raison, mais moi, au moins, j’assume, j’ai pleinement conscience des risques que je prends.
- Tu veux dire que tu te moques que ta femme l’apprenne ?
- Je n’ai pas dit que je m’en moque, mais je sais qu’un jour ou l’autre, il me pend au nez ce qu’il vient de t’arriver.
Les larmes de Julie avaient cessé de couler. Elle tenait à mener cette conversation, comme cette histoire, à son terme.
- Après tout, ça te regarde et, je vais te le dire, je m’en fou. Je suis en train de perdre l’homme que j’aime, et tu es là à me faire la morale. Tu peux te la garder, je n’en ai rien à faire.
- Je ne veux pas te donner de leçon, je cherche seulement à te faire dire qu’entre nous, ce n’était pas si mal.
- Nous avons eu des moments très agréables, je ne le discute pas, mais pour ma part, il ne s’agissait que d’une parenthèse dans ma vie, et rien de plus.
- Si c’est tout ce que tu penses de notre relation, tu as raison de vouloir y mettre un terme.
- Ah ! tu en conviens aussi.
- Oui, absolument. Et j’ajouterai que tu peux aller te faire pendre ailleurs.
Sur ce, il tourna les talons et se dirigea vers sa voiture.
Julie partit dans le sens opposé retrouver la sienne dans laquelle elle s’installa pesamment sentant de nouveau l’émotion la gagner.
- Mais qu’est-ce que j’ai été conne. Pourquoi me suis-je embarquée dans cette histoire. Je l’aime mon Vincent. Dieu m’est témoin à quel point je l’aime.
Les larmes se remettaient à couler alors qu’elle faisait le point dans sa tête.
- Bon sang, qu’est-ce qu’il m’a pris de le tromper. Pourquoi ai-je cédé à ce coureur de jupon. Je le savais qu’il draguait tout ce qui porte jupon, mais ça m’a bien plu qu’il me tourne autour. Ça m’a bien amusée, ça m’a bien flattée. Mais est-ce que ça valait la perte de l’amour de Vincent ? Est-ce que ça valait que je risque de perdre tout ce qui faisait mon bonheur et mon épanouissement ? C’est peut-être ça la crise de la quarantaine !
Elle sentait au fond d’elle que la désinvolture du ton que prenait sa pensée était totalement feinte. En fait, elle se savait perdue, en chute libre dans un puits qui serait certainement sans fond.
- Comment rattraper toutes ces conneries maintenant ? Comment lui faire comprendre qu’il n’y a jamais eu que lui ? Comment lui faire admettre que ça n’a eu aucune importance pour moi. Comment l’amener à me pardonner ? je sais à quel point il est rancunier. Il va m’en vouloir, c’est sûr. Mais s’il m’en veut, cela voudra dire qu’il m’aime encore.
Elle prit conscience que cela faisait plus d’un quart d’heure qu’elle était dans sa voiture et qu’il serait temps de rentrer.
- Je vais me jeter à ses pieds, le supplier de m’écouter, lui dire que je n’aime que lui, lui dire que…
Elle démarra le véhicule, enclencha la première. Tout le trajet de retour à leur appartement, elle ne cessa de pleurer et de laisser les mêmes pensées tourner en rond dans son esprit.
Elle arriva en bas de leur immeuble, monta les marches aussi vite qu’elle put et s’arrêta essoufflée sur leur palier. Elle chercha ses clés dans son sac à main, les trouva puis ouvrit la porte d’entrée.
Elle se précipita au salon qu’elle trouva vide. Elle alla à la cuisine, vide, elle aussi. Elle fit le tour de l’appartement et ne trouva personne, « Mais où est-il ? »
Elle ouvrit la penderie de leur chambre et vit qu’il n’avait emporté aucun vêtement, « Il n’a pas pris ses affaires, c’est déjà ça. »
Elle revint dans le salon et prit son mobile, et appela Vincent. Elle tomba directement sur sa messagerie, « Mon chéri, où es-tu ? Reviens, je vais tout t’expliquer. Sache que je t’aime et n’aime que toi. »
---oOo---
Vincent regarda la silhouette de Julie s’éloigner dans son rétroviseur. Il tourna à droite au bout de la rue et elle disparue. Il reporta son attention sur la route. Il en avait pour une demi-heure. Enfin, il pénétra dans l’impasse des Cèdres et entra par le portail grand ouvert de la dernière propriété.
Une jeune femme à la flamboyante chevelure rousse et aux magnifiques yeux vert, l’attendait sur le perron. Il descendit de voiture et l’admira, un superbe sourire au visage.
Il marcha jusqu’à elle tout en continuant de sourire. Elle s’effaça pour le laisser entrer.
Il se rendit directement dans le salon avec elle.
- Alors ?
- Tout a marché comme prévu.
- Raconte, je t’en prie.
Il lui raconta la soirée sans omettre un seul détail.
- Je t’ai envoyé discrètement un texto te prévenant que tu pouvais appeler ton mari. Thomas, lui, est resté avec moi.
- Il était sidéré. Je lui ai demandé si je pouvais compter sur son témoignage. Il m’a demandé si je m’adressais à l’ami ou à l’huissier de justice.
- Qu’est-ce que tu lui as répondu ?
- Au deux mon colonel, pardi ! Je me suis levé et précipité à leur table. Je ne te dis pas la tête de Julie lorsqu’elle m’a senti dans son dos. Bref, j’ai fait un énorme scandale après quoi je suis immédiatement parti avant qu’elle ne puisse me rattraper à la voiture et suis venu d’une traite jusqu’ici.
L’épouse de Gérard l’écoutait crispée, serrant sa main qu’elle tenait serrée contre sa poitrine.
- Bon, et toi ?
- Eh bien, comme prévu, je l’ai appelé pendant que tu faisais le scandale et lui ai dit que je savais tout pour lui et sa maîtresse, que je lui envoyais un huissier accompagné du mari de sa maîtresse pour le prendre en flagrant délit et qu’il ne pouvait plus mettre les pieds à la maison dont je venais de faire changer les serrures. Il n’a même pas tenté de se justifier. Il m’a dit que c’était la première fois. Je lui ai rétorqué que j’avais les preuves de toutes ses infidélités et que je demandais le divorce à ses torts. Il m’a dit qu’il allait habiter quelques temps chez ses parents pour faire le point. Quel lâche !
- Bon, voilà une bonne chose de faite. De ton côté, tout à l’air réglé.
- Mais pour toi, tu crois que ce sera suffisant mon amour ?
- Avec le témoignage de Thomas, elle ne pourra plus échapper à la procédure de divorce pour faute et adultère, je te le garantis.
- Si tu savais comme j’ai eu peur que ça ne marche pas.
- Tu sais, il n’y avait aucun risque. Je pense que, même s’ils ont rapidement compris que je les avais utilisés, ils ne refuseront pas de témoigner en ma faveur. Patricia a été outrée d’apprendre que Julie l’utilisait pour ses soirées avec son amant et Thomas a immédiatement pris fait et cause pour moi.
- Tu es sûr ?
- Oui ma chérie. Nous allons pouvoir vivre notre amour au grand jour. Plus besoin de se cacher. Te voilà enfin débarrassé de ton mari, coureur de jupon invétéré et moi, s’en est fini des mensonges de cette manipulatrice.
- Vincent, finalement nos malheurs nous ont permis de nous rencontrer, par le biais de nos deux traîtres, de découvrir notre infortune et d’apprendre à se connaître, s’apprécier, puis finalement, de s’aimer comme des fous.
- Oui mon amour. La procédure ne prendra pas trop de temps. Sitôt libérés, je t’épouse et accepte le poste que mon patron me propose depuis un an.
- Tu veux dire que tu es prêt à nous emmener avec toi vivre à Sydney ?
- Oui ma chérie, je veux refaire ma vie avec toi. C’est simple. Je ne me fais aucun souci, nous allons redémarrer une vie qui sera celle dont nous avons rêvé lorsque nous avons découvert à quel point notre amour pouvait nous aider à surmonter les pires épreuves. Et là-bas au moins, aucun de nos deux ex ne pourra venir perturber notre amour.
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CANDAULISME
Sans un mot, Vincent leur tourne le dos et fonce vers son véhicule bousculant quelques tables au passage. Julie se ressaisit, elle lui court après, et le rattrape au moment où il entre dans sa voiture. Elle frappe à la vitre de toutes ses forces :
- Laisse-moi monter mon chéri, je rentre avec toi. Je vais tout t’expliquer.
- Monte… Alors ? cette explication.
- Mon chéri, je ne comprends pas ta réaction, je croyais que ça te plaisait, que tu étais d’accord. On en a parlé…- Comment ça ? Ça me plaît à ton avis que tu me trompes !
- Mais non, c’est juste un jeu. Tu avais dit que tu rêvais que je couche avec un autre.
- Tu n’as pas tout compris. Ou tu fais semblant de ne pas comprendre ? Oui, c’est mon fantasme, mais non ce n’est pas comme ça que je vois les choses. Là c’est de la tromperie pure et simple.
- Mais…- Je rêve de te voir coucher avec un autre, mais en ma présence. Je rêve d’un moment de complicité entre toi et moi.
- J’ai bien compris, mais j’ai juste voulu tenter l’expérience seule, avant de le faire avec toi. Pour voir…lui dit-elle hypocritement.
- Dans mon dos…- Non !
- Tu m’en as parlé ?
- …- Où est la complicité ? Et puis, pour moi c’est avec un mec que l’on aura choisi ensemble, que l’on ne reverra jamais. Pas un amant avec qui tu as une relation régulière. Combien de fois avec lui ?
- … Plusieurs, oui. Mais ça s’est fait comme ça. On s’est vu une fois, on s’est revu. Mais il n’y a rien avec lui. Que du plaisir sexuel, pas de sentiment, ça je te le jure. Et encore, le plaisir n’est pas total. Tu as raison… Il manque la notion de complicité, il manque l’amour. Et ça, il n’y a que toi qui peut me l’apporter. Dit-elle amoureusement en se penchant vers lui.
- …- Je regrette mon chéri, amèrement. De toute façon, ce dîner était pour moi l’occasion de lui annoncer que c’est terminé. Je te le jure. Crois-moi.
Les semaines ont passé. Vincent est bien conscient du fait que Julie s’en est tirée d’une pirouette avec cette histoire de satisfaire son fantasme. Après, elle a fait amende honorable. Elle regrette vraiment. Vincent a pardonné. Il connaît suffisamment Julie pour savoir qu’elle est sincère. Un simple coup de canif, une erreur de parcours. Ce n’est pas la fin du monde, se dit-il. Ce qui compte c’est sa bonne foi. Et pour ça, il est sûr de lui et sûr d’elle.
Souvent, il y repense, l’imaginant dans les bras de son amant. Systématiquement, ça lui provoque un début d’érection. Généralement, il se satisfait tout seul dans ces moments-là.
Ça le taraude de plus en plus. Presque une obsession. Même quand il fait l’amour avec Julie, il s’imagine à côté d’elle, assis sur le lit. Elle avec un autre homme. Mais ce n’est pas l’autre qu’elle regarde, c’est lui. Elle ne le lâche pas des yeux. Elle lui sourit pendant que l’autre la prend. C’est Vincent qu’elle embrasse à la fin, tendrement.
C’est décidé. Il va lui faire une surprise.
Il contacte Gérard, l’homme qui a été son amant pendant ces quelques semaines. Il lui explique son fantasme, le persuade de venir chez eux vendredi soir. Gérard est d’accord pour jouer le jeu. Il lui a dit que Julie l’était également :
- Chérie, vendredi soir, ne prévois rien.
- On sort ?
- Non, on reste à la maison, mais je te prépare une surprise.
Le vendredi soir, Gérard sonne à la porte. C’est Julie qui va ouvrir :
- Gérard mais qu’est-ce que tu veux ? Je pensais avoir été suffisamment claire.
- Mais…
Julie sent Vincent arriver dans son dos :
- Chéri, ne va pas croire que c’est moi qui lui ai demandé de venir. Pour moi, c’est terminé. Lui dit-elle affolée.
- Je sais ma chérie, c’est moi qui lui ai demandé. C’est lui ma surprise.
- Pardon ? Mais c’est du grand n’importe quoi.
Julie referme la porte sur Gérard en lui disant :
- Merci d’être passé Gérard, mais désolée, j’ai des trucs à voir avec mon mari. Ah et ne reviens pas. Inutile.
Une fois la porte refermée sur le pauvre Gérard qui n'y comprend plus rien, elle se retourne :
- Quant à toi, dit Julie en pointant le doigt vers Vincent, j’ai bien compris ton envie. En revanche, comme tu me l’as reproché à juste titre, c’est juste une histoire de complicité. Tu aurais dû m’en parler avant. Je suis désolée, je n’en ai pas envie. Moi, ça ne me plaît pas. Ça me rappelle une expérience malheureuse.
- Une expérience malheureuse ?
- Oui, cette relation avec Gérard. Pour moi c'était une erreur. Et tu remets ça sur le tapis.
Vincent s’attend à affronter l’orage. Julie s’approche de lui :
- Tu es un idiot, mais je t’aime quand même. Lui dit-elle en se serrant contre lui et en l’embrassant. Tu es mon idiot, c'est toi que je veux. Personne d’autre. Pour tes fantasmes un peu particuliers, je te conseille par contre de continuer tes petites branlettes.
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RECONCILIATION
Sans un mot, Vincent leur tourne le dos et fonce vers son véhicule bousculant quelques tables au passage. Julie se ressaisit, elle lui court après, et le rattrape au moment où il entre dans sa voiture. Elle frappe à la vitre de toutes ses forces :
- Laisse-moi monter mon chéri, je rentre avec toi. Je vais tout t’expliquer.
Julie se fait toute petite sur le siège passager à côté de Vincent. C’est lui qui rompt le silence :
- Tu l’aimes ?
- Non voyons, c’est toi que j’aime.
- Pourtant tu m’as fait cocu avec lui.
- Non pas cocu, c’est laid.
- Enfin dis-je doctement. Tu baises avec un autre, donc tu m’as trompé,- Toi aussi tu m’as trompé.
- Non, jamais. Pourquoi dis-tu ça ? Pour te disculper ?
- Si, tu m’as trompé sur la marchandise… Quand nous nous sommes mariés.
- Quoi ? C’est quoi cette histoire ?
- J’étais naïve quand nous nous sommes rencontrés, sans beaucoup d’expériences. C’est toi qui m’as révélé, c’est toi qui m’as faite femme.
- …- Et dès que j’ai été femme, avec mes envies, mes besoins, tu m’as laissé tomber.
- Mais non voyons. Nous faisons l’amour régulièrement.
- Bof ! Un petit coup vite fait, en passant.
- Non bien sûr… Enfin parfois je suis fatigué, j’ai beaucoup de travail. Ce n’est pas une raison pour aller voir ailleurs.
- Comment te faire comprendre que la femme que tu as révélée, avait besoin de toi- Tu aurais pu m’en parler.
- Comment veux-tu ? Qu’aurais-tu dit si un soir en rentrant de chez lui je t’avais annoncé : « Mon chéri, je n’aime pas le repassage, donc je sous-traite. Comme tu n’aimes pas baiser, j’ai aussi sous-traité »- Arrête avec ce ton ironique, tu m’as trahi, tu m’as menti… Tu comptes le revoir ?
- Non. Il a dû comprendre que tout est fini maintenant. Et j’espère que toi aussi tu as compris.
- Tu veux que je le remplace ? C’est le monde à l’envers.
Le reste du trajet fut silencieux.
En arrivant, Ils se sont couchés comme tous les soirs, sauf qu’il ne lui a pas souhaité « Bonne nuit » en lui faisant la bise comme tous les soirs. Elle n’a rien osé dire, mais il entendait sa respiration, retenant ses sanglots.
Il se disait qu’elle n’avait pas tout à fait tort, il l’avait un peu négligée… Trop souvent… Sans se rendre compte de ses attentes.
Elle se disait qu’il n’avait pas tout à fait tort, elle avait exagéré, et l’avait trompé sans aucun état d’âme, sans se rendre compte du mal qu’elle lui faisait, ni du mal qu’elle se faisait.
Vincent se levait tôt pour aller travailler. Le café était prêt, Julie s’était levée plus tôt sans faire de bruit. Elle l’attendait pour le boire ensemble.
Les jours qui suivirent furent maussades, pour ne pas dire douloureux. Chaque fois que leurs regards se croisaient, ils tournaient la tête rapidement, aucun ne voulant faire le premier pas de peur d’être rejeté par l’autre.
Ce petit jeu aurait pu durer longtemps, Julie en décida autrement, pour se faire pardonner, pour retrouver Vincent, retrouver leur vie d’avant.
Un matin, à moitié endormi, Vincent senti une douce chaleur l’envahir. Normal, la trique du matin, toujours agréable pour un homme de constater au réveil que la mécanique fonctionne bien, surtout après ces journées d’abstinence.
Il réalise que ce matin, c’est différent, un reste de rêve érotique.
- Mais… Que fais-tu ?
Julie ne réagit pas de suite, sa maman lui ayant toujours dit qu’il ne fallait pas parler la bouche pleine. Levant enfin la tête :
- Détends-toi, c’est ton rêve qui continue. Dors.
- …- Il y a trop longtemps que j’en ai envie.
Vincent réalise qu’il a la même envie que Julie. Il la laisse faire en fermant les yeux.
Au bout d’un moment, il s’aperçoit que Julie est nue, elle a enlevé sa nuisette. N’étant pas égoïste, il lui caresse les seins et descend le long de son ventre en déposant des petits baiser, jusqu’à son intimité qu’il embrasse fougueusement.
La suite est facile à imaginer, d’ailleurs les voisins ont peut-être entendu le râle de monsieur suivi presque immédiatement du cri aigu poussé par madame.
Ils se retrouvent sous la douche. Reprenant leurs habitudes, il la prend en levrette comme aux premiers jours de leur mariage, réveillant une nouvelle fois les voisins qui venaient de se rendormir.
Ce jour-là, le café n’est pas prêt quand il entre dans la cuisine. C’est lui qui le prépare, en sifflotant.
Le soir, la table est mise, Julie a mijoté un petit repas en amoureux.
Vincent arrive un gros bouquet de fleurs à la main.
Au dessert, elle se fait câline en venant sur ses genoux :
- Nous n’avions pas le projet d’agrandir la famille ?
Ils se retrouvent sur le lit sans savoir comment, sans avoir débarrassé la table.
- Cette nuit, je ne te laisse pas dormir, dit-elle amoureusement.
- Ça tombe bien je n’ai pas sommeil, répond-il en l’embrassant.
Ne tenant pas parole, ils s’endormirent l’un contre l’autre, pour ne pas dire l’un dans l’autre au milieu de la nuit.
Lui, vidé dans tous les sens du terme.
Elle, n’ayant pas la force d’aller sous la douche avant de sombrer dans le sommeil.
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage. Les jours, enfin plutôt les nuits, se suivirent et se ressemblèrent.
Pas le temps d’attendre pour savoir si ce sera un garçon ou une fille.
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MINISTERIEL
Sans un mot, Vincent leur tourne le dos et fonce vers son véhicule bousculant quelques tables au passage. Julie se ressaisit, elle lui court après, et le rattrape au moment où il entre dans sa voiture. Elle frappe à la vitre de toutes ses forces :
- Laisse-moi monter mon chéri, je rentre avec toi. Je vais tout t’expliquer.
Vincent entrouvrit la porte côté passager. Julie s’engouffra dans le véhicule qui démarra immédiatement.
- Alors ? Je t’écoute.
Julie ne put répondre avant quelques instants, le temps de récupérer son souffle.
- Ce n’est pas ce que tu crois. Oui, j’ai couché avec ce salaud, mais pour te venger.
- Comment ça pour me venger ? Il va falloir que tu m’en dises plus, sinon je sens que je vais péter un câble.
Elle lui tendit la clé USB qu’elle avait dans la poche de son manteau.
- Tu verras, il y a tout dedans. Tout je te dis, les vidéos de nos parties fines, excuse-moi mon chéri. Avec ça, tu peux lui foutre sa vie, sa famille et surtout sa carrière en l’air.
Il mit la clé dans sa poche.
- Rentrons, je vais t’expliquer mon plan.
Dans la voiture, Julie lui expliqua son plan en détail. Elle devait voir Gérard trois ou quatre soirées pour avoir suffisamment de matière pour faire les montages nécessaires.
Ils rentrèrent et Vincent se mit immédiatement au travail. Il visionna pendant plus de deux heures tous les enregistrements. Julie était assise à côté de lui et faisait de temps en temps des commentaires.
- Là, tu vois, je me tourne pour qu’il me prenne par derrière afin qu’il soit face à la caméra.
- Bien manœuvré ma chérie.
- Là regarde, il voulait éjaculer en moi et je l’ai fait venir sur mon visage pour que tu l’ais en gros plan.
- T’es vraiment la meilleure.
Les deux heures qui suivirent le virent faire plusieurs montages avec des prises de vues différentes qu’il enregistra dans des clés USB forma carte de crédit différentes.
- Vas-y, prépares les enveloppes.
Julie sortie cinq enveloppes rembourrées et inscrit l’adresse de Gérard dessus. Il ouvrit son logiciel de traitement de texte et commença la rédaction de sa lettre.
- Monsieur Gérard L., Ministre des Transports, 246 boulevard Saint Germain, 75007 Paris
Il ajouta au marqueur « Confidentiel ».
- Monsieur le Ministre, vous venez récemment d’être décoré de la légion d’honneur et avez fait pour l’occasion, la une de toute la presse mondaine. Cette même presse serait très certainement intéressée, et votre chère épouse tout autant, d’apprendre que vous vous vautrez dans le stupre et la luxure dans les bras de l’épouse de votre ex-directeur de cabinet que vous avez injustement remercié pour le remplacer par un ami proche en mal d’emploi.
Outre le fait que votre subordonné vous a, à de nombreuses reprises, sauvé la mise en vous donnant les meilleurs conseils vous ayant évité de prendre de mauvaises décisions qui auraient très certainement été dramatiques pour votre carrière, il se trouve qu’il avait également été pressenti pour prendre votre succession en cas de remaniement ministériel.
N'ignorant pas que vous devez tout votre parcours au fait que votre épouse se trouve être la sœur de notre cher premier ministre actuel, vous devinez aisément qu’elle serait sa réaction si elle venait à apprendre vos turpitudes sexuelles et qu’elle serait celle de son aîné quant à votre devenir politique au sein du gouvernement, de votre parti, et de votre existence d’homme publique en général.
Aussi, je vous donne une semaine pour me réintégrer au sein de votre équipe ministérielle en tant que conseiller spécial et, dans le même temps, de remettre votre démission auprès du premier ministre.
Faute d’exécution scrupuleusement de ces deux injonctions, ou d’en informer quiconque, je remettrai une copie du contenu de cette clé USB à votre femme, à son frère, à leurs chers parents, ainsi qu’à la plupart des médias influents.
En revanche, si vous obéissez à ce dictât, je vous remettrai tous les originaux en ma possession et vous n’entendrez plus jamais parler de cette sombre histoire.
Veuillez croire, monsieur le ministre, en l’expression superfétatoire de ma considération distinguée.
Une semaine plus tard, les Français apprenaient stupéfaits que la coqueluche en vogue du gouvernement, le ministre des Transports démissionnait de ses fonctions pour raisons personnelles et était remplacé par son plus proche conseiller.
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URANIEN
Sans un mot, Vincent leur tourne le dos et fonce vers son véhicule bousculant quelques tables au passage. Julie se ressaisit, elle lui court après, et le rattrape au moment où il entre dans sa voiture. Elle frappe à la vitre de toutes ses forces :
- Laisse-moi monter mon chéri, je rentre avec toi. Je vais tout t’expliquer.
Vincent démarra en trombe laissa Julie sur le trottoir.
Il fit le tour du pâté de maison et revint à l’auberge où il se présenta à l’accueil. On lui remit sa clé et il monta à l’étage prendre possession de sa chambre.
Après une bonne nuit de sommeil, il se rendit au cabinet de son avocat et, après l’avoir dûment remplie, il lui confirma qu’il pouvait envoyer la demande de divorce à sa future ex-épouse. Il passa l’après-midi à se promener dans les rues piétonnes de la ville.
Vers dix-neuf heure trente il revint au restaurant et s’installa à une table au fond de la salle.
Il commença à dévisager les personnes qui venaient s’installer aux différentes tables. Le temps de consommer un apéritif, il vit entrer le fameux Gérard, suivi d’un couple. Ils s’installèrent à l’opposé de la pièce par rapport à lui, Gérard tournant le dos à la salle.
Tout à coup, la femme du couple interpella une jeune femme à quelques tables de la leur et dans son champ de vision.
- Antoinette ?
Elle se leva et vint près de la table de la femme qu’elle venait d’appeler, et qui se trouvait à souper en compagnie d’un homme. Vincent reporta son attention sur les deux hommes restés sur place. Il vit que Gérard parlait tout en pointant la table où s’était rendue la femme, puis se lever et, d’un bond, rejoindre cette même table.
La femme assise sembla se renfrogner tout en baissant la tête.
Gérard se mit à parler fort.
- Bonsoir ma chérie, tu ne me présente pas ?
Sans lever les yeux, elle répondit :
- Té…Thierry.
- Ah, c’est vous Thierry ?
- A qui ai-je l’honneur ?
- Je suis le mari d’Antoinette… C’est donc vous qui baisez régulièrement ma femme ?
La jeune femme sembla outrée.
- Oh !
- Mais ma chérie, si Thiéééééry a réservé une chambre ici, c’est bien pour te sauter au dessert, non ?
- Chut, pas si fort.
La femme qui était avec Gérard poussa un petit cri, elle venait enfin de réaliser la situation. Elle jeta un regard au secours à son mari qui n’avait pas quitté sa table. Le couple venait de se rendre compte que Gérard s’était servi d’eux pour piéger sa femme. Avant de s’éloigner, la femme se pencha à l’oreille d’Antoinette et lui murmura quelque chose. Celle-ci regarda Gérard.
- Mon chéri, laisse-moi t’expliquer.
- Oui, explique-moi ce que tu fais ici. Car à un moment, j’ai cru que tu étais venue ici pour coucher avec ce monsieur.
- …- Oui, je t’écoute.
- Comment te dire, ce n’est pas ce que tu crois.
- Mais je ne crois rien, j’attends tes explications.
- Mon chéri, pardonne-moi.
Le maître d’hôtel se précipita pour calmer le jeu. S’adressant à lui toujours aussi fort pour être bien entendu de tous les clients :
- Alors, c’est un bordel votre établissement ?
La salle resta silencieuse, plus un bruit, les conversations s’étaient arrêtées.
Sans un mot, Gérard leur tourna le dos et fonça vers la sortie bousculant quelques tables au passage. Julie se ressaisit, et lui courut après.
Par les grandes vitres du restaurant, Vincent vit Gérard bondir dans sa voiture et Antoinette rattraper le véhicule et frapper à la vitre du conducteur. Ce dernier démarra précipitamment laissant la jeune femme sur le trottoir.
La jeune femme revint devant l’entrée du restaurant, resta quelques instants devant le couple, puis tous les trois partirent ensemble, sortant du champ de vision de Vincent.
Le serveur arriva et lui apporta son dessert. Il se régala tranquillement et termina sa demi-bouteille de Mercurey en se pourléchant les babines.
Un bon quart d’heure plus tard, Gérard entra dans le restaurant et se dirigea directement vers la table de Vincent. Il s’assit et regarda son vis-à-vis.
- Ouf, enfin terminé.
Vincent reposa son verre et posa ses mains à plat de chaque côté de son assiette.
- Ils sont Ok pour témoigner ?
- Oui, il n’y aura pas de problème, ils ont été outrés.
- Tu as eu ton avocat ?
- Oui, la demande de divorce part à la première heure demain.
Vincent regarda Gérard dans les yeux.
- Nous voilà enfin débarrassés de ces deux pots de colle.
- Tu l’as dit, ce n’est vraiment pas trop tôt.
- Si on m’avait dit, j’en aurait ri, et trouvé cela très drôle.
- Moi aussi, jamais je n’aurais cru que cela puisse m’arriver un jour.
- Il n’y a plus aucun barrage désormais.
Il lui fit un sourire.
- Tu sais, quand j’ai découvert que tu étais l’amant de ma femme, j’ai failli péter un plomb. Bon sang, le mec sur qui j’avais flashé à la soirée au boulot de Julie. D’ailleurs, dès ce soir-là, j’avais bien vu que toi aussi tu étais troublé. On s’est retrouvé au buffet et tu m’as parlé de ta vie de famille qui te pesait et je t’en ai dit tout autant sur la mienne. On s’est revus, et je sentais bien que quelque chose était en train d’échapper à mon contrôle. Et puis patatras, je découvre vos mails, vos rendez-vous, j’étais complètement perdu. Heureusement que tu as su m’expliquer ton plan, diabolique soit dit en passant, sinon, je crois bien que je t’aurais cassé la gueule.
Gérard saisit les mains de Vincent par-dessus la table.
- Oui mon chéri, il n’y a plus aucun obstacle pour que nous puissions vibre notre amour au grand jour.
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VENGEANCE
Sans un mot, Vincent leur tourne le dos et fonce vers son véhicule bousculant quelques tables au passage. Julie se ressaisit, elle lui court après, et le rattrape au moment où il entre dans sa voiture. Elle frappe à la vitre de toutes ses forces :
- Laisse-moi monter mon chéri, je rentre avec toi. Je vais tout t’expliquer.
- M’expliquer quoi ? Que je suis cocu ? Ça je le sais.
- Mais non…- Ah bon, je ne suis pas cocu ?
- Si, je suis désolée mon chéri…- Mon chéri ? Ah bon ? Vraiment ? Tu vas expliquer quoi au juste ? Pourquoi ? Comment ? Je ne vois pas autre chose à dire, et j’avoue que ça ne m’intéresse pas tant que ça.
Après un moment de silence, Vincent continue en regardant sa montre :
- D’ailleurs, tu n’en as plus pour très longtemps avant… de rendre les armes.
- Quoiiii ?
Julie part en courant vers le restaurant. Vincent goguenard s’appuie sur le capot de sa voiture en croisant les bras. Quelques minutes plus tard, Julie revient :
- Tu étais partie rejoindre ton amant ?
- Mais non, j’ai eu un petit souci…- Ah ? Mais où tu vas comme ça ? On dirait que tu as le feu aux fesses !
Julie vient de repartir vers le restaurant. A son retour Vincent reprend :
- Pas facile comme situation n’est-ce pas ? Tu viens de te faire griller par ton mari avec ton amant. Oui, je sais tout. Oh pas depuis longtemps. C’est ta boite Gmail qui t’a trahie. Je suis venu vous rendre une petite visite dans cette charmante auberge ce soir. Quand je suis arrivé avec Patricia et Thomas, j’ai eu la surprise de reconnaître le maître d’hôtel. Mon vieux pote Seb, de l’époque du lycée. Ça faisait longtemps que je ne l’avais pas croisé. Pendant que nos amis sont allés s’installer dans la salle, j’ai discuté avec Seb. Je lui ai tout dit sur le pourquoi de ma visite ce soir, en te désignant toi et l’autre con, à l’autre bout de la salle.
- Il m’a proposé de mettre en place une petite blague qui m’a tout de suite intéressée. Mettre dans les coupes de champagne que vous aviez commandé un puissant laxatif. La soirée risquait d’être animée finalement.
- Mais… mais…- Ne te plains pas, toi qui voulais faire un régime avant l’été pour pouvoir te mettre en maillot sur les plages, Je te donne un sacré coup de pouce. Ah tu y retournes ?
Julie vient de repartir en direction du restaurant.
Vincent se dirige vers les toilettes et dit à travers la porte :
- Aucune crainte, ce produit n’est pas dangereux, même si Seb l’utilise pour ses chevaux. Tu en as pour quelques heures. Je te conseille de ne pas t’éloigner de l’auberge afin de profiter de leurs toilettes. Quand ils fermeront, ça va être plus compliqué je pense. Il te reste la nature et les feuilles des arbres. Tu as de la chance, nous sommes dans un environnement bucolique.
- S’il te plaît Vincent…- Quoi ?
- Ne me laisse pas comme ça…- Oh non ! Je ne peux rien pour toi. Que veux-tu que je fasse ? Te tenir la main ? Te ramener à la maison ? Pour que tu ruines les sièges de la voiture ? Ah non !
Vincent ne peut s’empêcher un ricanement devant le spectacle de Julie sortant de la cabine tout pâle et y retournant aussitôt en se tortillant :
- Dommage pour votre partie de cul. Oh pardon de parler de ça. Sur ce, salut ! Je rentre. On en reparlera peut-être demain. Je vais me coucher. Ah et ne compte pas sur ton mec pour t’aider et te ramener. Il doit squatter les toilettes pour hommes. D’après ce que m’a dit Seb, il a eu droit à une double dose. Tu devrais être remise avant lui. Tu pourras rentrer à pied. Enfin si tu rentres. Bonne chasse ma Chérie.
---oOo— ---oOo—
PARTAGE
Sans un mot, Vincent leur tourne le dos et fonce vers son véhicule bousculant quelques tables au passage. Julie se ressaisit, elle lui court après, et le rattrape au moment où il entre dans sa voiture. Elle frappe à la vitre de toutes ses forces :
- Laisse-moi monter mon chéri, je rentre avec toi. Je vais tout t’expliquer.
- …- Ecoute-moi.
Un éclat de voix arrivant du restaurant l’interrompt, la porte s’ouvre violemment. Thomas sort, énervé, suivi de Patricia affolée. Sans un mot, il ouvre la portière et s’assied à côté de Vincent, sans un regard à Julie.
- Vas-y.
Sans rien demander, Vincent démarre. Dans le rétroviseur, il voit Julie et Patricia, la figure défaite, debout les bras ballants.
Thomas reste un moment silencieux. Vincent n’ose lui poser la moindre question, tellement il le sent nerveux.
- La salope ! Crie-t-il en serrant les poings.
Vincent sursaute. D’accord, il n’a pas tort, mais tout de même c’est sa femme, et en quoi cela le concerne-t-il ?
- Toutes les mêmes…- De quoi tu parles ?
Et là, Thomas raconte d’une voix hachée, …
- Quand tu es parti, en bousculant tout le monde, Julie t’a suivi. Intrigué, j’arrivais à leur table. Surpris par l’attitude de Patricia, elle regardait l’amant de ta femme avec des yeux ronds. Elle s’est mise à crier, non plutôt à hurler « Mais putain, qu’est-ce que tu fous ici ? ». Lui n’en menait pas large, dans ses petits souliers… S’il avait pu s’enfuir… Et Patricia qui continue à hurler « Salaud, et avec ma meilleure amie ». L’autre con ne trouve rien d’autre à dire « Excuse-moi chérie, je ne savais pas ». Ce con, devant moi, son mari. Là j’ai tout compris. J’ai fixé Patricia qui s’est enfin rendue compte de ma présence… Elle a voulu se jeter dans mes bras, je suis parti comme toi. Elle criait « pardon », et voilà… toutes les mêmes.
- Tu veux dire ?
- Qu’on est cocu tous les deux. Précise Thomas.
- Que comptes-tu faire ?
- Ce soir Patricia couchera sur le paillasson et demain elle fait sa valise.
- Vient chez moi, j’ai un 12 ans d’âge, on va se consoler comme on peut. Quand Julie rentrera, elle aura aussi droit au paillasson. Lui dit Vincent avec un rictus de satisfaction.
Ils se retrouvent, un verre de whisky à la main, affalés en silence dans les fauteuils du salon. Boire pour oublier, c’est la devise des cocus. Un verre, deux verres :
- Pas mauvais, ton truc, … mais c’est fort.
- Ouais ! Faut quand même admettre que c’est plutôt une boisson d’homme.
Servant une nouvelle tournée, Vincent sursaute en entendant son ami proclamer comme une évidence :
- Tout de même, Quel salaud !
- Ouais ! Quel salaud !
- Tu l’as dit.
- Bienvenu au club. Moi qui pensais coincer Julie… D’une pierre deux coups.
- Merci, sans toi, elle continuait à me faire porter des cornes.
- On a la même paire, fabriquée dans le même bois.
- Mais qu’est-ce qu’elles lui trouvent ? Il n’est même pas beau.
- Même pas.
- Cocu, on est bien cocu… Et depuis combien de temps ?
- Va savoir… répond Vincent avec philosophie.
Deux verres plus tard, Thomas et Vincent deviennent plus expressifs, et franchement grivois :
- D’abord… Hips ! Qu’est-ce qu’il a de plus que nous ?
- Rien… Non rien !
- M’est avis qu’il doit en avoir une grosse. Toutes les femmes en raffolent.
- Tu crois ? … Avec la tête qu’il a ? ...T’as une p’tite bite toi ?
- … Bof !
- Et maintenant, ils vont faire comment ? A 3 ?
- Comment ça à 3 ?
- Des salopes…. Hips !... Des salopes … et des gouines.
- Ouais ! … ça leur rappellera leur jeunesse.
La bouteille était vide. En finissant leur dernier verre, ils n’avaient plus rien à se dire. Le regard vague, en criant en chœur « Ah les salopes ! » ils s’effondrèrent, sans même enlever leurs chaussures.
---oOo---
EPILOGUE
Quand Julie est arrivée, Vincent ronflait. Voyant le tableau, elle ne fit aucun bruit pour ne pas le déranger. Elle alla se coucher contente de sa soirée, en pensant que son réveil risquait d’être douloureux.
Quelle nuit ! Etait-ce l’inconfort du lieu ou l’abus de boisson, toujours est-il, que la nuit fut agitée.
Il fait grand jour quand Vincent ouvre un œil, il entend du bruit dans la cuisine. L’odeur du café et du pain grillé lui chatouille allègrement les narines. Aïe la tête !
Essayant de reprendre ses esprits, Vincent ne fait pas attention à Julie qui le regarde en souriant :
- Tu es réveillé mon chéri.
- Humm ! dit-il la bouche pâteuse. Ma pauvre tête, elle est prête à exploser. Mais… je suis tout habillé. Oui suis-je ?
- Chez nous, rassures toi. Tu n’as pas eu le temps d’atteindre la chambre ? Ironise-t-elle.
Montrant la bouteille de Whisky vide, elle lance en riant :
- Ben dis donc, tu ne t’es pas ennuyé hier soir. Qu’est-ce qui t’a pris ? Je n’aurais jamais dû te laisser rentrer seul.
Le fauteuil à côté de lui est vide.
- Et Thomas ? Comment va-t-il ?
- On lui téléphonera tout à l’heure, j’espère qu’il a été plus sage que toi.
En riant, Julie se penche vers lui. Elle l’embrasse sur la joue :
- Que s’est-il passé ? Lui demande-t-il en la regardant d’un regard vitreux.
- Tu ne te souviens plus ? Il était tard, en rentrant, je t’ai trouvé affalé sur le tapis, cette bouteille vide à la main. Heureusement que Gérard m’a accompagné jusqu’ici avant d’aller à son hôtel, il m’a aidé à te mettre sur le fauteuil. Tu as même voulu lui faire la bise, j’en étais jalouse.
- Oh ! La honte.
- Viens prendre un bon café, tu en as besoin.
- J’arrive.
- Dès que ça ira mieux, mon chéri, tu pourrais débloquer ma boîte mail ? Je t’en ai parlé hier, je n’arrive plus à lire mes messages.
- D’accord. Prépare-moi un doliprane.
Vincent dégage une odeur de cheval. Un passage sous la douche s’impose, l’eau fraîche lui fera le plus grand bien.
Un peu remis de ses émotions, avant de rejoindre Julie dans la cuisine, il appelle Thomas :
- Allô Thomas ?
- Salut Vincent bien dormi ?
- Pas fort, j’ai une gueule de bois carabinée ce matin.
- C’est vrai qu’hier, tu as un peu forcé sur la bouteille. J’ai même eu des scrupules à te laisser rentrer seul. Tu n’étais pas en état. Julie a été sympa de ramener Gérard à son hôtel, sinon j’aurais dû faire un sacré détour.
- A bon ! … Au fait c’est qui Gérard, j’ai peu discuté avec lui.
- Un ami de Patricia. Ça ne te gêne pas si je l’ai invité à la dernière minute sans te prévenir.
- Non bien sûr, plus on est de fous, hein ! comme on dit... Il a l’air sympa. Julie et Patricia avait l’air de bien s’entendre avec lui.
- Normal pour des amis de fac, ils se connaissent depuis longtemps.
- Comment ça ?
- Ben oui, ils étaient ensemble en dernière année. Patricia l’a retrouvé il y a quelques mois, et hier il a débarqué à l’improviste. Je n’ai pas pu faire autrement que de lui dire de venir avec nous.
- Pas de problème… Bon, je te quitte, Julie m’attends. Bises à Patricia.
- Salut, mon bonjour à Julie, à la prochaine.
Vincent se tient la tête en rejoignant Julie dans la cuisine.
- Humm ! Un bon café chaud, merci ma chérie tu es un ange. Hier soir, je n’ai pas été à la hauteur pour fêter mon anniversaire avec toi comme j’aurais voulu, lui dit-il en déposant un baiser sur ses lèvres.
- C’est pas grave, on se rattrapera ce soir.
- Toi par contre, tu as l’air en pleine forme.
- J’ai été plus sage que toi, pas d’excès. Une bonne nuit, ça requinque. Pense à ma messagerie.
- C’est bien ta boite Gmail qui est bloquée ?
- Ma boite Gmail ? Tu oublies que je suis à la Poste, laposte.net. Dis donc, reviens sur terre. Va falloir te reposer.
Une fois son café avalé, Vincent retourne dans leur chambre la tête embrumée, et s’affale sur leur lit. Le rêve de la nuit lui revient par bribe, des images, des flashs, Julie au restaurant avec un homme, une grande femme rousse, Antoinette et Thierry les cousins de Julie, et Delphine Pélissier, la fille de la compta, qu’est-ce qu’elle fait là ?
Aïe ma tête ! Non Patricia n’a pas d’amant, et Thomas ne l’aurait pas invité à mon anniversaire. Il faut que j’arrête de lire toutes ces histoires sur HDS.
Sans savoir quand il s’est endormi, il sent la main ferme de Julie qui le secoue :
- Allez le loir, assez dormi, il va bientôt faire nuit. Lui dit-elle en le tirant par la main pour le forcer à se lever.
Vincent a une faim de loup. Ils se retrouvent face à face devant le bon petit plat que Julie a préparé.
- Alors ça va mieux ? Ton mal au crâne est parti ?
- Oui, tout va bien ma chérie… Je m’en souviendrais de cet anniversaire.
- Au fait, Gérard a appelé quand tu dormais.
Pourquoi Vincent sursaute-t-il en entendant ce nom ?
- Gérard ?
- Oui, hier il a vraiment été très gentil. Tu sais que j’ai peur de rentrer seule la nuit. Il m’a raccompagné jusqu’ici. Un vrai gentleman. Après, il a dû regagner son hôtel à pied, c’est à deux pas.
- … Il faudra que je l’appelle pour le remercier, répond Vincent sans grande conviction.
- Tu pourras le faire de vives voix samedi prochain mon chéri, pour le remercier je l’ai invité à dîner.
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Pas compris a quoi rattacher cette epilogue …