Vilain diable…

- Par l'auteur HDS Ethelrede -
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Récit libertin : Vilain diable… Histoire érotique Publiée sur HDS le 24-11-2024 dans la catégorie Entre-nous, hommes et femmes
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Vilain diable…
Georges est un jeune architecte. Enfin jeune… il a vingt-huit ans, ce n'est pas très vieux, il est vrai. Il a bien pris le temps de vivre, de mûrir un peu, avant de se fixer, ce qu'il s'apprête à faire très prochainement. Oui ! Ce soir, il va fêter avec sa belle Amélie leur deux années de fiançailles ! Sur son chemin pour rentrer à la maison, il regarde sans arrêt, à son annulaire droit, cette alliance qu'elle lui offerte deux ans auparavant, en même temps qu'elle recevait la sienne, en se promettant qu'ils les changeraient de doigt le jour de leur mariage !


Il est passé faire des courses : du saumon fumé, du foie gras, de délicieux pains, et une bouteille de champagne. De retour, il a pelé et coupé en dés des pommes de terre rattes, qu'il a fait cuire avec des feuilles de laurier avant de les passer puis les arroser de vin blanc, du Chablis… puis de verser dessus une vinaigrette faite avec le vin recueilli sous les patates ! Il en a fait une merveilleuse salade, goûteuse à souhait, qu'Amélie appelle toujours la meilleure salade de pommes de terre du monde !


Il a préparé des petits canapés de saumon fumé, de foie gras, sorti la vaisselle des grands jours et mis une belle table dans la salle à manger. Il ne manque que la belle… qui tarde… tarde… Au fur et à mesure que le temps passe, un froid glacial commence à pénétrer son âme, son ventre, ses mains… tout son corps. Georges regarde son téléphone : non le son est actif et il n'y a pas le moindre message de sa chérie. Que s'est-il passé ?


Il va pour l'appeler mais se ravise. Il ne peut rien lui être arrivé de fâcheux : il l'aurait su. Donc, si elle n'a pas donné de nouvelles, c'est qu'elle ne le souhaite pas. À quoi bon l'appeler, alors ? Georges a rangé la jolie vaisselle, la belle nappe… Il a mis des films sur ses canapés, la salade de pommes de terre dans une boîte hermétique… Le tout au réfrigérateur. Il n'a pas faim, ce serait même plutôt le contraire : il se sent nauséeux.


Comme un automate, il monte, le dos courbé, les marches de l'escalier, va dans leur chambre et se jette sur leur lit. Oh, pas besoin d'être devin : il sait très bien ce qui s'est passé. Amélie est poursuivie depuis des mois par les ardeurs de son employeur, Jean-Michel, un chasseur de jupons qui, chaque fois qu'il en fait tomber un, fait une entaille dans la crosse de son revolver… Oui, ça ne peut être que ça. Et aujourd'hui, elle est tombée…


Les yeux fermés, il grince des dents. Un froid intersidéral l'a traversé et il ne parvient plus à se réchauffer depuis. Une violente démangeaison à son annulaire droit le sort de sa torpeur : l'alliance… Cette fichue alliance. Une nouvelle nausée lui vient avec une soudaine pulsion : l'ôter de son doigt… Georges respire profondément, tente de se calmer. Non, il n'en a pas envie. Lui est un homme fidèle : il veut, contre vents et marées continuer à y croire. Il ferme ses yeux de nouveau, cherchant l'apaisement du sommeil…


Une sorte de petit lutin tout de rouge vêtu, avec des cornes et une longue queue fourchue se met soudain à sautiller devant lui…

- C'est foutu, Georges ! Tu l'as perdue : jette cette alliance ! Attends, je vais t'aider ! Ouvre la fenêtre et jette-la au loin, vas-y !


Non ! pas question d'ôter cet anneau… C'est la seule chose qui le relie encore à son amour. Il a en lui une foi inébranlable en sa belle : elle va revenir.

- Revenir ? Mais tu n'y penses pas ! Sais-tu ce qu'elle fait, en ce moment ? Elle suce voluptueusement le membre de ce Jean-Michel mille fois honni. Le vois-tu, ce sexe tendu, épais, dur comme le marbre, qui entre et sort, entre les jolies lèvres pulpeuses de ta belle ? Allez, je te dis, jette-là ! Le vois-tu, ce détestable pénis qui frémit tandis que l'homme gémit, attrape la tête d'Amélie et pousse son membre encore plus profondément ? T'en faut-il davantage ? Jette, je te dis, jette.


Georges résiste et résiste encore. Non ! Jamais je ne ferai ça, ce serait la fin de tout, je scellerais la mort de notre amour !

- Tu es vraiment idiot… Regarde-la, maintenant, qui est nue sur son lit, totalement offerte… De ses deux mains, elle écarte ses jolies fesses, et lui sourit ! Elle l'invite à entrer en elle de cette façon qu'elle t'a toujours dit vouloir refuser… Jette, je te dis… Ouvre cette fenêtre et jette-la… Ne la vois-tu pas se tordre de plaisir en gémissant, et lui qui entre et sort, sourire extatique aux lèvres, dans cette merveilleuse petite rosette que jamais tu n'auras eue ?


La main gauche de Georges se mit lentement en mouvement vers la droite… Ses doigts palpèrent l'alliance, longuement, avant de remonter en une lente caresse le long de l'avant-bras, jusqu'au pli du coude qui se plia soudainement tandis qu'il serrait le poing… C'est en un magistral bras d'honneur que Georges mit fin à cette scène onirique :

- Fous-le camp, vilain diable, tu ne m'auras pas ! Fidèle je suis, fidèle je demeure. Je croirai en ma belle jusqu'au moment où elle viendra elle-même dire qu'elle m'a rejeté…


Georges s'endormit de ce mauvais sommeil plein de rêves qui n'en sont pas, plein de douleur et sans repos. Au petit matin, il se leva, se doucha. Au moment de s'habiller, lui qui travaillait toujours en tenue décontractée, il choisit une chemise blanche, noua une cravate et se mit un élégant costume… C'est l'image que lui renvoyait la psyché sur le palier qui acheva de le réveiller !

- Non, mais Georges, qu'est-ce que tu fous ainsi habillé comme un guignol ? Va te changer…


Il troqua en un tournemain sa tenue de pingouin, comme il aimait dire, contre un jean et un polo de couleur vive, puis il partit pour se rendre à son travail, le ventre toujours vide. Première bouche d'égout sur son chemin, le petit lutin rouge cornu refait son apparition…

- Regarde, Georges ! Elle est profonde… Jette-la ici, c'est un bon plan ! Tu sais qu'en ce moment, ils jouent le match retour ! Il est son patron, Georges, ce n'est pas lui qui va l'engueuler d'arriver en retard !


De bouche d'égout en bouche d'égout, George enchaina les bras d'honneur mentaux, jusqu'à son arrivée dans son bureau, où il se soulagea en concrétisant magistralement sa pensée. Il se servit un café, au milieu de ses collègues. L'une d'entre eux le regarda :

- Ça va, Georges ? Tu n'as pas l'air dans ton assiette, ce matin…

- Pas de souci, les amis, j'ai juste très mal dormi, cela arrive à tous, n'est-ce pas ? Mais ça va aller, ne vous inquiétez pas, je vais gérer !


Toute la matinée il travailla sur un projet délicat : un client qui souhaitait augmenter la surface habitable de la maison qu'il allait faire bâtir, mais sans trop augmenter son budget… Il venait de trouver une idée élégante et de vérifier sa faisabilité, tant technique que vis-à-vis du PLU, très rigoureux dans ce secteur. Maintenant, il se mit en devoir d'appeler son client.

- Allô, Monsieur Robertie ? C'est Georges, votre architecte. Je voudrais vous parler de votre projet : j'ai trouvé la bonne idée pour réaliser votre dernière demande !

- Ah, bonjour, Georges. Je suis désolé, mais ce projet est en phase d'abandon… Ma femme n'est pas rentrée hier soir… Je ne sais que trop bien ce que cela signifie. Nous n'allons plus construire. Projet abandonné, donc.

- Ah ! Alors, bienvenue au club…

- Que voulez-vous dire ?

- Que la mienne non plus… Mais quant à l'abandon de votre projet, je voudrais vous dire une chose : un couple se réussit ou se rate à deux… la survie du projet ne tient qu'une chose : votre aptitude au pardon !

- Vous êtes fou ! Ma femme me trompe et je devrais le lui pardonner ?

- Vous ne le devez pas… mais vous le pouvez ! En tout cas, c'est ainsi que je compte gérer la situation pour ma part. Monsieur Robertie, traitez le sujet comme une baisse en bourse : tant que vous n'avez pas vendu, vous n'avez pas perdu ! Je vous suggère de rechercher quelle pourrait être votre part dans cette situation. Songez à la manière dont vous pourriez, vous, lui demander pardon, lorsqu'elle rentrera, pour ne pas avoir su détecter en elle le mal-être qui l'a conduite à ce qu'elle a fait. Si vous voulez mon avis, à l'heure qu'il est, elle doit être terrassée par la honte et la culpabilité : mettez-vous à son niveau.

- Jamais je ne pourrais faire cela… C'est indécent, me tenir moi-même pour coupable de mon propre cocufiage !

- Monsieur Robertie, essayez de penser à tout ce qui vous attiré en elle, ce qui vous a rapprochés… Je vous laisse y songer, nous nous rappellerons dans quelques jours.


En raccrochant, Georges se sentait infiniment mieux : il avait fait le point en lui-même, savait exactement où il en était, ce qu'il allait faire. Restait simplement à espérer que sa belle Amélie allait revenir…


À midi, Georges est descendu à la brasserie où tout le personnel prend son repas : salle bondée. Il avise une main qui se lève en sa direction : une jeune femme de ses collègues est seule à une table de deux places ; il s'y installe. Ils se connaissent un peu, à peine ; elle se nomme Nedjma Chamali. Georges réfléchit un moment :

- C'est un drôle de nom, Chamali…

- Pour être drôle, il l'est ! Toute mon enfance, on m'a servi du shamallow… Si tu veux te moquer, ne te prive pas, j'y suis habituée !

- Oh, non, non ! Jamais de la vie ! Je trouve qu'une étoile du Nord, c'est très précieux, au contraire, il n'y a pas matière à moquerie…


C'est à Nedjma de lever très haut ses sourcils, étonnée, abasourdie, même, lorsque je prononce ces deux mots avec un accent plus proche de l'arabe que celui du midi.

- Tu connais la signification de mon nom… et de mon prénom ? Et tu parles l'arabe ?

- J'ai vécu une dizaine d'années au Proche Orient. Mes parents y travaillaient. Je suis allé à une école où on ne parlait qu'anglais et arabe… Il m'en reste quelque chose !

- Tu es un drôle de bonhomme, toi !

Georges continue, dans la langue arabe :

- Et toi, tu es une très jolie fille !


Rougeur sur les joues de la belle, yeux qui brillent un peu plus fort… Georges se reprend aussitôt, revenant au français :

- Je ne te fais pas la cour, Nedjma… J'énonce une vérité !

- Dommage…

- Je suis désolé, je n'aurais pas dû. Tu sais, je suis un peu perdu, ma fiancée et moi nous sommes un peu fâchés hier…

- Je prie le ciel qu'il te la rende, Georges… Tu le mérites…


L'après-midi s'est achevé sans grand souci ni stress. Georges a bouclé son dossier sur le projet Robertie, puis il est rentré chez lui, très excité…


Georges venait de remettre sur la table de la salle à manger la jolie nappe et la vaisselle des grands jours. Il y avait ajouté quelques fleurs, achetées sur le chemin du retour. Il avait tout ressorti du frigo et, presque guilleret, continuait à octroyer des bouquets de bras d'honneur mentaux au diablotin rouge… Un bruit de clé dans la serrure, une porte qui s'ouvre, deux pas, puis trois puis plus rien… Georges s'avance vers l'entrée : Amélie est là, le visage défait. Elle aperçoit son amoureux, son fiancé, éclate en sanglots, tombant à genoux…

- Georges… J'ai tout gâché. C'est foutu, nous deux…

Il se penche, l'aide à se relever, la prend dans ses bras, la serre doucement. Il ne dit rien… sent qu'il est encore trop tôt. Il caresse simplement ses épaules, évitant même de poser sa tête trop près de la sienne. Soudain, elle se dégage, très violemment. Un hoquet, un gémissement, sa voix se reprend :

- Pourquoi fais-tu le gentil, Georges ? Je sais bien que tu me détestes, que tu as envie de me tuer… J'ai tout foutu en l'air, le jour de notre anniversaire de fiançailles, en plus…

- Pourquoi te détesterais-je ? Tu es l'amour de ma vie !

- Amour de ta vie ? Mais atterris, Georges : je t'ai trompé. J'ai baisé toute la nuit et toute la matinée avec mon chef… Je lui ai tout donné, tout… tout… Je suis si sale… je ne suis pas aimable, Georges, arrête ta pitié, tu es grotesque.

- Si tu es sale, Amélie, il faut te laver : viens…


Georges a tendu la main pour prendre la sienne, elle a esquivé. Il a tenté de la saisir des deux bras, elle lui a donné un méchant coup de genou… très mal placé. Là, il a vu rouge : tandis qu'elle, se rendant compte de ce qu'elle venait de faire, restait inerte un instant. Rien qu'en le regardant, on aurait pu lire le cheminement de sa pensée. Il l'a saisie par les cheveux et lui ai assené une magistrale paire de claques. Puis, la traînant, toujours par les cheveux, l'a amenée jusqu'à la salle de bain.

D'une main, il l'a dévêtue, tout en secouant sa tête dans tous les sens en tirant ses cheveux. Amélie pleurait toutes les larmes de son corps :

- Arrête, tu me fais mal, lâche mes cheveux…

- Ah, tu souffres ? tu aurais dû te poser la question avant le coup de genou. Et maintenant, tu sais ce que ça fait, une fille sale ? Oui, ça se lave. Monte là dedans…


Une fois dans la baignoire, il a envoyé l'eau… Froide au début, elle a rapidement atteint une agréable température. Au fur et à mesure que la chaleur arrivait, elle se calmait… Et Georges aussi.
En un éclair, il réalise ce qu'il vient de faire à la belle de son cœur. Ses yeux s'embuent :

- Pardon, ma belle, pardon… Je suis un imbécile, un triple connard…

Amélie reste un instant interloquée. Le rictus de douleur qu'elle avait au visage depuis l'épisode du tirage de cheveux disparait, remplacé par un sourire désabusé :

- Ça, c'est vraiment la meilleure ! Je te trompe et c'est toi qui me demande pardon… Tu es fou, Georges.

- Oui, sans doute. Mais si tu m'as trompé, moi, je n'ai pas vu le coup venir. Je ne t'ai pas suffisamment regardée pour comprendre ce qui se passait en toi, la détresse que tu vivais. Je n'ai pas réussi à prendre conscience qu'il demeurait en toi un manque, une chose que je ne t'apporte pas ou insuffisamment, et qui t'a conduite à accepter une situation à laquelle tu résistais depuis longtemps. Mais avant tout, j'ai détruit à tout jamais le vœu que j'avais formulé de ne jamais lever la main sur toi, ni aucune autre femme, d'ailleurs. Je me méprise, j'ai honte… si tu savais…


J'ai arrêté la douche ! Là, contre toute attente, c'est Amélie qui m'a pris dans ses bras pour me serrer très fort… Déjà, le courant recommence à circuler entre nous… Oh ! Très doucement… Pas mes milliers de mégawatts, hein ! Mais un petit courant, c'est déjà ça. Elle m'attire pour que nos cœurs soient plus proches… Mon polo est trempé, mon jean aussi, alors, perdu pour perdu, je monte à mon tour dans la baignoire…

Amélie est là, nue contre moi, serrée dans mes bras et je sens son cœur battre la chamade contre le mien ! Elle n'ose pas bouger… Mes mains caressent son dos, ses hanches, le haut de ses cuisses. Mon Dieu qu'elle est belle, que sa peau est douce ! Je risque un petit baiser dans son cou. Elle frémit… Je sens qu'elle a en elle un profond désir mais qu'elle le rejette aussi fort qu'elle le peut. Sans doute pense-t-elle ne pas mériter ma tendresse… Tandis que moi, je me demande au plus profond de moi si je mérite encore son amour, après l'avoir laissée… des mois sans voir sa souffrance, sans la voir s'enfoncer désespérément dans ce qui a atteint son paroxysme hier… Je me lance, tant pis, l'honnêteté ne peut pas échouer totalement…

- Amélie, j'aimerais tant que tu me pardonnes… et mes gifles et mon aveuglement, pendant tous ces mois où je ne voyais de toi que ma merveilleuse et jolie fiancée, sans avoir même soupçon de la détresse dans laquelle tu sombrais, là devant moi. Le pourras-tu ? Du fond de mon cœur, mon amour, je te demande pardon pour tout…


Ma belle ne réagit pas. Ni mot, ni bruit, ni geste. C'est la chute d'une goutte sur mon épaule qui me sort de mon attente : douche arrêtée depuis plusieurs minutes, oui, c'est clair, c'est une larme… Une première larme : d'autres suivent. Ma belle se met à pleurer comme jamais je n'ai vu femme le faire. La douleur sort de son âme par ses jolis yeux, coule sur ses joues et tombe sur moi en pluie salée… Je la serre un peu plus fort. Elle reprend sa respiration :

- Je n'ai rien à te pardonner, mon amour ; toi oui. Pourquoi es-tu si gentil, alors que je t'ai trahi, Sali, abandonné ? Pourquoi ne m'en veux-tu même pas de m'être comportée comme une traînée ? Pourquoi veux-tu encore de moi qui suis une moins que rien ? Je suis dans un gouffre d'incompréhension, mais je sais une seul chose : je te bénis de te comporter ainsi. Tu ne peux pas imaginer la peur qui me tordait le ventre lorsque j'ai ouvert la porte… Avant de revenir… j'ai d'abord voulu me tuer…


Savez-vous à quel point c'est contagieux, les larmes, parfois ? Aujourd'hui, c'est clairement le cas. Mes yeux se gonflent et rougissent et la cataracte est lâchée. Sans un mot, je reste doucement là, laissant ma propre douleur sortir, la tension qui me tenaillait depuis la veille s'apaiser. Un double frisson : nous avons froid… Je sors de la baignoire et ôte mes vêtements trempés. Je prends ma belle dans mes bras en berceau et la porte jusqu'à notre lit, je l'y dépose comme la chose la plus précieuse de l'univers, ce qui est d'ailleurs bien près d'être la vérité, la recouvre de la couette.


Je passe mon peignoir et viens m'asseoir à ses côtés, caressant doucement son front, ses joues… Passant un doigt sur ses lèvres, l'ourlet de ses oreilles, ses narines finement pulsatiles. Je reste de marbre, fasciné par la beauté de cette fille qui, un jour, s'est offerte à moi…

- Tu ne m'as jamais trahi, ma belle ! Si tu l'avais fait, tu ne serais pas revenue… tu ne m'aurais pas appelé "mon amour" il y a une minute… Tu ne m'as nullement abandonné : encore une fois, tu es là ! Pourquoi suis-je gentil ? Sans doute parce que j'ai été construit ainsi… Certainement parce que je t'aime, que tu m'aimes et tout le reste, absolument tout le reste, je m'en moque, je l'ignore, je le rejette. L'amour est la seule chose qui compte dans ma vie et cet amour, c'est à toi et toi seule que je veux le vouer. Mon amour, j'ai un très gros défaut : je suis fidèle… Tu vas devoir t'y faire, tu n'es pas sortie du bain avec moi !

- Je crois que si… nous sommes d'ailleurs dans la chambre !


Je me suis penché sur elle et lui ai fait un petit bisou sur le front : mine désappointée de ma chérie : elle attendait visiblement autre chose ! Second baiser mais sur ses lèvres, cette fois. Elle y répond, sans timidité. Au troisième baiser, mon peignoir s'est volatilisé… Jamais de toute notre vie commune, un baiser n'avait été aussi puissant, aussi profond, aussi intense. Nous avons entremêlé nos langues, échangé nos sucs et notre amour sans compter, nous avons littéralement fait l'amour avec nos bouches !


Amélie s'est alors retournée et m'a présenté une de ses cuisses pour qu'elle me serve de repose-tête. Elle en a fait de même avec ma cuisse et a commencé à me câliner avec sa bouche tandis que je pouvais laisser libre cours à ma propre gourmandise sur son joli petit abricot surmonté d'un fin duvet blond. J'ai toujours tout aimé de ma belle d'amour mais j'avoue avoir, depuis notre tout premier jour ensemble, un faible pour le butinage de sa fleur d'amour ! Elle est tout miel, elle est la douceur faite femme ! Sa liqueur de plaisir est suave et délicate tout en émettant un embaument qui me rend totalement fou de désir… Avec un art consommé, elle a flatté la hampe de mon sexe distendu, son cabochon prêt à l'éclatement ! Elle a englouti le tout en une démonstration d'avaleuse de sabre dont je ne la savais pas capable… Je demeurais émerveillé !


Soudain, elle a aspiré très fort mon champignon surgonflé tout en laissant sa langue tournoyer autour en ballet endiablé qui s'est achevé avec ma piteuse reddition : je me suis senti me répandre dans sa bouche, avec il est vrai, un sentiment de honte… Elle a ri, avalant ce nectar, visiblement agréable à son goût… Ma mine effarée l'a encore fait rire, puis elle est redevenue sérieuse.

- Maintenant, mon amour, c'est là que tout va se jouer. Logiquement, si tu es un mec juste normal, tu vas me foutre à la porte de chez toi et ce sera la fin… Mais je ne peux plus garder tout cela pour moi… Non, tu n'as manqué d'aucun égard. Et ce n'est pas parce que tu ne me regardais pas suffisamment que j'ai sombré, comme tu le disais. La vérité est que, avant que nous nous rencontrions, j'ai rencontré Jean-Michel... dans une autre ville. Nous avons fait l'amour ensemble...

- Ma belle ! Ce n'est pas un crime… Je n'étais pas vierge non plus quand nous nous sommes connus !

- Oui, mais ce salopard a pris une vidéo de nos ébats… Je ne n'en ai rien su jusqu'au jour où il m'a fait chanter, disant que mes parents recevraient la vidéo si je ne continuais pas à faire tout ce qu'il désirait…

- Le foutu salaud… Ne dis rien de plus… Je connais la suite. C'est pour ça que tu es partie ?

- Oui… Mes parents sont décédés dans un accident de voiture. Au-delà de mon chagrin, j'y ai vu une porte de sortie, une chance pour refaire ma vie proprement, ailleurs. J'ai cherché un travail loin, très loin et je suis arrivée ici voilà bientôt cinq ans… Et puis nous nous sommes rencontrés : j'ai commencé à croire à une nouvelle vie

- Mais… tu l'as !

- Oui, je l'ai sauf que Jean-Michel m'a retrouvée sur internet… et qu'il est venu ici. Il a racheté la petite boite où je travaille… Au début, je ne l'ai pas reconnu… Tu sais la suite.

- Ma belle, nous allons essayer d'arranger ça. Mon meilleur ami est policier… Je vais lui demander conseil.

- Inutile… Il va me traquer. Je dois fuir encore, te quitter. De toute manière, je ne suis pas une fille pour toi…


J'ai doucement pris sa main, caressant ses longs doigts, ses jolis doigts dont celui portant mon alliance que j'ai fait tourner autour… Je lui ai souri.

- Tu n'as toujours pas compris, on dirait… je t'ai dit que tout le reste, je m'en fous ! N'est-ce pas suffisamment clair ? Amélie, je t'aime plus que tout et je te veux. Alors si toi tu veux bien de moi, je te garde ! Le veux-tu ?


Comme si la foudre m'était tombée dessus, ma belle m'a attrapé, m'a enlacé, m'a couché sur le dos et enjambé. Oh ! Je n'étais pas bien fringant, venant d'avoir un premier échantillonnage de son savoir faire. En moins d'une minute, elle su redonner à ma virilité une position de garde-à-vous tout à fait présentable et, sans façon, s'est assise dessus, l'engloutissant dans sa fleur d'amour. Elle s'est mise à me chevaucher en un trot enlevé très élégant, me surveillant du coin de l'œil pour ne pas me perdre en route : cette fois, elle entendait bien me faire durer !


Devant mes yeux, un petit diablotin rouge, cornu à longue queue fourchue agitait son trident d'un air menaçant :

- J'ai pourtant tout fait pour te séparer d'elle… et la couper de toi. Tu vas me payer pour ton insistance…


J'ai éclaté de rire et lui lançant un bras d'honneur, j'ai crié :

- Va-t-en, vilain diable, tu ne m'aura jamais, ici-bas, l'amour est le plus fort !


Amélie a fait une pause :

- Tu vas bien, mon amour ?

- Je n'ai jamais été aussi bien, ma belle ! Je viens d'envoyer promener ce fichu diable rouge, il a quitté ma tête !


Ma belle s'est encore soulevée pour retomber sur moi, une fois, deux fois, dix fois… Je ne sais plus à quel moment j'ai réalisé que, subrepticement, elle avait changé d'entrée, que c'était désormais dans son petit œillet que je me délectais… Nous avons encore chevauché ensemble longuement avant qu'elle me donne le coup de grâce, m'amenant à un orgasme comme jamais encore elle ne m'en avait donné. Elle-même avait atteint son plaisir quelques minutes auparavant, dans un cri qu'elle n'avait pu cacher tant il avait été puissant. J'ai compris seulement alors qu'elle avait voulu me dégager un espace plaisir réservé à moi seul, de manière à pouvoir me le magnifier, le rendre inoubliable !


Nous sommes descendus encore nus à la salle à manger : elle a vu la jolie table dressée pour elle ! Fondant dans mes bras, la voix cassée par l'émotion, elle n'a pu me dire que ces quelques mots chuchotés :

- Mon amour ! J'ai une telle chance de t'avoir connu…


Nous avons dîné… un peu tard il est vrai, avec mes petits plats et le champagne. Après le fromage, elle m'a encore enlacé :

- Mon amour, à partir de maintenant, je te promets que tu pourras me faire tout ce que tu veux !

- Ah non ! Je ne te ferai jamais que ce que toi, tu veux bien ! Et encore… si tu le demandes gentiment !

- Tu es si gentil… Je crois qu'à ton contact, je reprends confiance en moi, j'ai envie d'y croire…

- Tu peux, je ne te trahirai jamais, ma belle.

- Mon chéri, je te promets que si qui que ce soit me fait chanter, je ne cèderai plus jamais… Tu m'as donné cette force, je crois. Mais qu'allons-nous faire pour mon patron, Georges ? J'ai tellement peur, il est tellement retors…

- Tu vas sans doute devoir démissionner, mais avant, je voudrais l'avis de mon ami, celui de la police !

- Que fait-il dans la police ?

- Il est le commissaire, ici-même… Pour avoir de quoi lui parler, il faudrait que tu imprimes tous les courriels, tous les messages de ton téléphone, sur lesquels il te presse, te menace… Tu peux ?

- Oh, oui ! J'en ai des tonnes…

- Alors, on va gagner !

Soulagement sur le visage de ma belle ! J'ai écarté sur la table les assiettes, les verres, les couverts, je l'ai fait s'asseoir devant moi, nue à même la nappe, puis, m'agenouillant au sol, avec gourmandise, je lui ai dit :

- Et maintenant, je vais prendre mon dessert !


FIN

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